vendredi 24 février 2012

AVEUX

Graig est un cinquantenaire qui pète la forme. Il habite un ranch dans le Wyoming, élève des bisons dans les "prairies grasses", les terres sacrées des indient Lakota, Sioux et Cheyenne. Pas loin de Little Big Horn où ces maudits "peaux rouges" bottèrent le cul au 7e de cavalerie de Custer et signèrent par cette "victoire" leur destruction à venir. Graig connaît et fréquente nombre des descendants de "Crasy horse"et pense que les réserves sont le microscome de l'Amérique. Il raconte celà dans des livres.
Graig est écrivain.
Jim est un vieux bonhomme de soixante-quinze ans. Déplumé et bougon comme un vautour, il zone dans le Montana, promène sa brioche, ses clops, sa tronche de Bukowski et ses idées noires dans la culotte d'une Amérique en perdition. Jim fait le jardin, caresse ses chiens, hurle comme un coyote et s'envoie des lampées de Jack Daniels qui lui donnent cet air de sharpey acnéen. Il parle des cow-boys, de la solitude qui régénère l'homme, des amours difficiles. C'est une vieille loco dans un champs de coton.
Jim est écrivain.
James Lee est un peu plus vieux. Sec comme un plan d'austérité, il travaille dur. Tôt le matin et tard dans la nuit, ne s'accordant que quelques heures dans la journée pour aller à la salle de sport, flatter l'échine de ses bourrins et panser les plaies de son privé préféré qui patauge sans cesse dans le bayou et les bordels de la Nouvelle-Orléans. Il habite Missoula, lieu historique de la guerre de sécession, parle des Nez-Percés et prétend que l'on peut se passer du gouvernement fédéral si l'on prend le temps de tremper ses petons dans la rivière et de jeter un oeil sur les Rocheuses.
James Lee est écrivain.
-,Ecoutez Monsieur le Juge. Franchement ce n'est pas si grave. Je suis moi aussi un vieux débris coincé dans ce pays étriqué par la crise et les braillements des spountz qui veulent le fauteuil. Tous ces cafards qui tournent autour de mon évier en me promettant de laisser un peu de bouffe sur les épluchures... Si bien sûr je mets mon bidule dans leur escarcelle. Si je m'électeurise dans le bon sens. 
Alors, Monsieur le Juge, quand dans ma lucarne un  type me parle de Calamity Jane et de ces zigotos qui scribouillent dans les grandes herbes, je ne peux que me réjouir. Ca me remet du baume dans la colonne comme un petit Côte de Provence devant une Margarita...
Je fais de mal à personne. Bien sûr, j'avoue, il y a longtemps que je les fréquente ces zozos. Mais pas plus que ceux qui soufflent dans le bignou, ceux qui tapent sur les tambours du jaaazz... Pas plus que les nègros qui en trois accords de mandoline vous mettent le blues à l'envers.
Moi aussi, j'aimerais être patriote plutôt que con (compatriote hi hi !), mais s'il vous plaît, laissez-moi ranger mes petites affaires comme je veux...
D'ailleurs, je ne suis même pas écrivain, c'est vous dire...



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