mardi 17 avril 2012

DU VRAC DANS LE SAC

Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? Je sais bien que c'est chiant de patauger dans le passé, de se prendre les pinceaux dans des souvenirs qui filoutent entre fantasmes et " Je ne sais plus très bien... ", les " Qui c'était déjà ? Ah ! oui ! ça y est je le remets !" Les " Tu te souviens pas, on était à la mer... " Toutes ces embrouilles de l'esprit qui te gâchent le teint pire qu'un foie cirrothique... Enfin, je parle pour ceux qui comme moi, ont les neurones à la retourne, des fuites de moelle dans le carburateur... Ceux qui n'ont jamais fait très attention à la cloche qui sonne dans la cour de récré...  Faudrait pouvoir tout noter, mais t'as jamais le bon stylo sous la main... Avoir tous ces tiroirs, séparer les pt'its clous des plus grands, les visses des boulons comme les bricolos du dimanche... Je l'ai déjà écrit dans ce machin et je persiste. Pour ma pomme le futur est illisible. Je fais pas d'économies sur les jours à venir. J'assure pas mes arrières comme dit la baronne grattant son eczéma. Pour autant, je ferme pas ma lourde au présent, aux rencontres, aux bousculades dans le métro... J'aime bien sauter dans les flaques et me tremper les arpions... Me déguster à la sauce vinaigrette avec quelques compères bienveillants... Me faire encore des tours de magie...
Et puis les pensées qui fusent, confuses.
Les choses qui rusent, qui t'usent, que tu refuses
Dans la cambuse...
1933.
Mon père a douze ans. Ma mère cinq. J'aimerais les visionner quand ils sont gamins. L'école communale, les sabots, la soupe des pauvres gens... Peut-être la messse, la robe du dimanche, les boches et leurs casques à pointe... Faudrait vérifier, j'suis pas historien... Savent sûrement rien des choses qui se préparent. Du salopard qui astique son balai-brosse, sa vilaine tambouille qui va faire frire le monde.. Des bûchers où l'on crame joyeusement Zweig Freund ou Brecht. Et ce n'est qu'un commencement... Mais le sauront-ils un jour occupés qu'il vont être à ramasser les patates et les tickets de rationnement... J'imagine ces trucs du fonds de mon fauteuil, mais j'étais pas là pour voir bien entendu... Qu'est-ce qu'on sifflotait dans les chaumières à cette époque ? Maurice et son cannotier ? Maréchal nous voilà ? La brillantine à Tino entre deux topinambours... Monsieur Bonhoure coiffeur à Tarascon ( ca ne s'invente pas ! ) faisait des envieux. Premier gagnant à la Loterie Nationale. Cinq millions de francs. Précieux en temps de crise...*
Janvier 1933.
Léautaud met en route son "Journal Particulier".
2012.
Fait soleil ce matin. Je lis quelques pages de ce journal. Ça fait un bail... C'est de la fesse triste. Ça sent le vieux, la poussière et le pipi de matou - Z'allez me dire chez Paulo, c'est normal - Je veux bien qu'il ait posé sa prose sur du papier à chiotte ou sur les pages de la "Nouvelle Revue Française", mais " Ça ne casse pas trois pattes à un canard" comme on disait dans le temps...
Tournons-nous vers l'avenir s'il vous plaît..
* Archives journal Le Progrès.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

 H                                                                                                           U                              ...