dimanche 8 avril 2012

GODILLOTS

- Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
- Bien sûr que j'étais debout à cette heure ! Je m'arrange toujours pour être prêt quand le jour se pointe. Histoire de faire la nique au temps ! J'emmagasine les heures... Pour plus tard... A mon âge, j'ai guère le temps de me payer des grasses matinées, des langoureuses au fonds des draps ! Déjà que la nuit me serine pour que je ferme les quinquets... Couche couche panier, papattes en rond ! Tu parles Charles !  Je m'emmerde dans mes rêves... C'est vous dire... Je  trouve le temps long... Alors vous pensez bien que je ne vais traînailler dans le pucier... Faire des ronds de jambe à la pendule...
- Quoi, qu'est-ce que j'ai fait ?
- Ben.. Comme d'hab... 
- J'ai déplié les nougats, bu un litre de café... Bizarrement j'ai pensé à cet album de J. Geils Band Live qu'il faudrait que je réécoute... Mais ça, j'ai pas d'explications... 
- J'ai torché une chanson que j'avais sur le feu. J'ai mangé quelques infos. Vu le guignol en soutane qui bénissait à tout va... Comme Noël est passé depuis un moment, j'ai supposé qu'on était à Pâques... Gigot, chocolat et haricots péteux comme on disait quand j'étais gosse... Ca m'a éclairé la lanterne. Y'avait aussi les premières asperges, la mayo qu'on torchait avec du pain et les tontons qui faisaient pleuvoir les bonnes boutanches... Aprés, c'était la partie de cartes et l'engueulade avec la goutte pour des histoires de politique.. On se marrait avec les cousins à les regarder s'arsouiller.. On s'y voyait déjà, plus tard, quand on seraient grands, qu'on auraient du poil au menton... Mais ça n'a rien à voir...
- Bon j'admets... Je suis sorti chercher des clops... Il commençait à pleuvoir, et l'autre abruti balayait son trottoir... Tous les matins, ce con,  joue du balai... Doit avoir un toc aussi celui-là. Ou il s'embête.. Allez savoir... Mais je vous jure, rien de passionnant... Une journée qui allait se ratatiner dans le mur du temps. C'est tout....
- Si je vous dis que je l'ai pas vue... Ça aurait pu remarquez ! Qu'on se croise dans le parc ou qu'on attende tous les deux pour traverser... J'en sais rien... Ça tient à pas grand-chose les rencontres... A un poil de cul, un battement de cil, comme vous voulez... Le souffle de l'ange qui te frôle les oreilles... Et tu ne sais plus sur quel fil tu marches.
- Et puis, vous me dîtes... Une jeunette de vingt ans... Belle comme une pièce de cent sous... Qui fleure bon la violette et l'aventure ! Vous avez la berlue, les gars... De la bouse dans les yeux ! Même pas en rêve, elle m'aurait vu... On n'est plus sur le même barreau de l'échelle... Ou alors, le Bon Dieu m'aurait fait une fleur, mais, je suis pas sûr que le Dabe se pose des questions à mon sujet... Passé la ligne jaune, t'as le coup de foudre rarissime... Je vous le dis....
- Et puis, franchement, la Belle et la Bête... Ça foutrait une pagaille dans le jeu de quilles... Que chacun reste dans son coin. Que chacun astique ses pompes. Elle ses escarpins, moi mes godillots...

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