vendredi 23 novembre 2012

GARDE A VUE

C'est un matin - comme les autres matins - Au réveil - comme les autres réveils - qu'il constate que ses yeux - comme les autres yeux - refusent de s'ouvrir... Les paupières closes comme les volets d'une résidence secondaire à Trouville, renaclent à effectuer le moindre mouvement, qui d'ordinaire vous fait voir le jour qui se lève ou la fissure du plafond qui s'étire d'est en ouest...
Merde... Qu'il se dit, parce qu'il parle le Cambronne couramment... Faudrait pas que le compteur ait disjoncté pendant mon absence... Il tend l'oreille le plus loin possible, entend la cloche de la chapelle Saint-Frusquin qui sonne matines, tire la langue, fait des bulles avec sa bouche, joue des orteils et croise les doigts... Tout semble en place. Comme d'habitude - comme les autres habitudes - si ce n'est ces foutus quinquets qui tournent bourrique au fonds des orbites comme les billes dans un sac, - Roman qui connut un grand succès au siècle dernier - et cette nuit qui commence à le gonfler et n'incite pas au Voyage...Voilà que des vilaines pensées lui viennent. Des idées de complot... Il pense à Roland Panouillard, le vendeur de la droguerie " Colle et Bricole " qui lui en veut terriblement depuis qu'il les a surpris, lui et son épouse Sophie Panouillard ( née Frisotine ) à se papouiller au fonds d'une boîte échangiste une nuit de pleine lune... Le cornard serait-il venu nuitamment lui noyer les phares avec cette glue liquide qu'il expose au cinquième rayon du magasin en partant de la droite entre les manches à balais et les plumeaux en autruche véritable, et qui, selon la rumeur publique vous encolle plus durablement que la misère sur le pauvre monde... Celà ne se peut... La lignée femelle de la famille Frisoline étant atteinte de nymphomanie chronique depuis cinq générations, il est peu probable que le droguiste ne soit au fait de son infortune... Et puis, soyons raisonnables... Pendant cette soirée d'échanges énamourés, notre droguiste profitait des largesses de Maurice Tupillard, employé aux Postes et Télécommunications venu tout exprès de Bourgenvieux pour oublier une déconvenue amoureuse avec son chef de service...
Peut-être est-ce simplement sa conscience qui le tarabuste et lui reproche journellement de ne pas regarder les choses en face qui a voulu le punir en éteignant les bougies... Une intoxication alimentaire, un abus de jaja premier prix au discount qui comme on le sait nuit gravement à la santé. Le fameux grain de sable qui, quand vous avez oublié vos clefs, fait que la concierge est dans l'escalier... 
C'est un bien grand mystère qu'un réveil difficile... Faudra suivre cette affaire de près, comme l'avocat son client qu'est en garde à vue...

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