vendredi 10 avril 2015

FICTION & CIE (3)

Il arrive à seize heures pile. On peut le voir bricoler la tireuse à bière, remplir le frigidaire et compter les consignes des bouteilles vides. Il ramasse les cartes oubliées la veille - Ils étaient tous sortis en bloc dés le début de l'alerte - et pense à sa mère qui passait son temps en réussites avant qu'elle ne rejoigne le grand théâtre d'ombres.. C'est une virgule dans son histoire... Il y a belle lurette que la  poussière a recouvert les souvenirs de toute chose vivante ici-bas. Il laisse la porte entre ouverte pour qu'un peu de chaleur pénètre dans l'habitat et installe un semblant de vie, comme une respiration...
Les autres arriveront plus tard. Ils s'installeront sans un mot autour des tables entachées de silence. Feront tourner les cartes jusqu'au prochain orage, jusqu'à la prochaine sirène qui les fera fuir au fond de leurs terriers.
Posé sur l'échelle du poulailler, il les regarde.
Ils ont la transparence des êtres sans soucis. L'indolence des buffles d'il y a très longtemps. Personne ne les remarque plus. Il voudrait leur adresser un signe, un langage qui les ferait se tordre un peu, mais il est trop tard, alors il retourne s'allonger sur sa paillasse en pensant que le roi de pique est une bien vilaine carte.

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