lundi 19 octobre 2015

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Le seul à tirer son épingle du magma, de cette Family Life, des dimanches tristes et des parties de cartes, c'était le grand-père. Un tout vieux qui avait sillonné les guerres - deux comme acteur, les autres comme spectateur sep-tic ( tac ), conscient de la pouillerie des hommes, mais avare des grandes diatribes que les autres aimaient tant... Les z'ôtres... Moins couillus, mais tellement plus hâbleurs, les sabreurs de l'arrière, les gueules même pas cassées... Qui glosaient à n'en plus finir,  jusqu'à perdre salive et idées propres, sur Dien Ben Fou ( pardon Phu ! ) ou les Vingt ans dans les Aurès ( cherchez pas, c'est du cinoche ancien et une guerre de voyous ! ). Je jette pas la pierre remarquez... Eux aussi avaient encore les mains dans le cambouis des décennies précédentes... Ils mettaient comme ils pouvaient l'avenir dans nos poches de jeunes branleurs...  La politique les tenait au ventre et leur donnait soif... Les bouteilles défilaient... On s'arsouillait en bonne ou mauvaise compagnie, ça sentait la baffe, les rancoeurs, les brêmes volaient pour un atout... Et puis on emmenait le "pt'it au bout " et on se rabibochait à l'apéro du soir autour des tranches de rôti froid, des cornichons et de la mayonnaise que j'avais " monté " tout seul comme un grand... Nous les mômes au milieu du bordel ambiant, on mettait le doigt dans le nez de la cousine en regardant Don Diego et le sergent Garcia sur la télé qui crachouillait parce que l'antenne au toit était jamais à la bonne place...
Aujourd'hui que je frise l'âge du Vieux, je le revois roulant son gris entre ses doigts d'arthrite ( une tradition transmise de pères en fils, pas l'arthrite, le tabac ! bande de malfaisants ! ) ou faisant briller le coupe-choux devant la petite glace posée de guingois sur l'évier en pierre... L'eau chaude au robinet n'était qu'une idée - pour laver les arpions et les goublis-goublis ( Marque déposée ) fallait faire chauffer la lessiveuse sur un coin de la cuisinière - et les chiottes, je vous raconte même pas... Même topo pour le chauffage : Valait mieux éviter la mauvaise saison, le vieux bougre prenait des boules de neige comme combustible... T'avais les mitaines du soir au matin et la brique chaude de rigueur dans le pucier... 
Ses ablutions terminées ( sans prière ! ), l'ancien remontait sa liquette, fermait le pantalon et remettait en place la paire de bretelles qui tenait en place la carcasse... Maintenait le dos droit et les idées claires...
Bon Dieu ! Ça me revient maintenant ! C'est des bretelles dont je voulais vous parler avant que l'autre corniaud ne vienne me bassiner au bigophon avec sa complémentaire santé ! 
J'en ai récupéré une paire pour maintenir ma ventrouille et continuer vaille que vaille la filiation... Peut-être aussi à cause du bonhomme que je vis comme une moitié de sauvage va savoir...

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