samedi 18 février 2017

RAMASSE-MIETTES ( 2 )

Pendant plus de vingt années, les deux amis avaient échangé une correspondance épistolaire ( c'est classe non ! ). A raison de deux lettres par semaine, cela faisait un sacré paquet de papier, de quoi remplir une armoire à malice, une barrique de vin... Des milliers de mots qui avaient voyagé par la voie postale sans jamais déranger personne, sauf le facteur parce que l'un des deux habitait tout en haut de la colline ( on ne citera pas son nom ici ) et que l'hiver, quand la neige recouvrait vos godasses, c'était pas de la tarte... Foutu métier qui valait bien quelques portraits de chiens ou de chats sur le calendrier...
Un matin comme les autres, - pourquoi voulez-vous qu'il fût différent - une des missives revint à son expéditeur ( encore une fois on ne citera pas de nom ! ) accompagnée de la mention " N'habite plus l'adresse indiquée ". C'était bizarre, jamais de la part de l'un comme de l'autre, il n'avait été question d'un quelconque déménagement... Sans doute une erreur de tri faite par un employé pris de boisson se dit l'un ( appelons le l'Un ). Illico, il renvoya une bafouille qui revint comme la première accompagnée de la même mention... Zut de zut ! se dit l'Un... L'autre va s'inquiéter de ne plus recevoir mes bafouilles...
Il porta réclamation auprès de la maison mère qui lui apprit sans précautions et sans prendre de gants,  que l'Autre était décédé depuis deux mois, qu'il avait donc changé d'adresse en cédant  aux turpitudes de la camarde,  et que la famille du défunt - qui se déchirait pour quelques sous et un lit à baldaquin ( ? ) - avait bien rigolé en brûlant tout ce fatras de papelards qui laissait à supposer que le moribond avait une maîtresse cachée...
Ce qui bien sûr était complètement faux...

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