vendredi 14 avril 2017

INVASION

Il ouvrit la fenêtre, celle qui donnait à voir l'étendue du désastre. Le givre sous l'effet de la chaleur se transformait en gouttelettes qui glissaient contre la vitre. L'espace d'un instant, l'équilibre entre chaud et froid resta suspendu dans l'espace et il crut entendre la musique du vieux monde... Les cuivres astiqués qui brillaient les nuits de pleine lune, quand les tambours rythmaient la mise à mort du pantin. En ces temps de paganisme, on brûlait volontiers des hommes de paille, épouvantails de nos peurs... Personne ne pouvait douter que le mauvais sort s'acharnerait, creuserait des sillons remplis de volutes nauséabondes et d'air putride. Tous les puissants de ce monde-là qui pensaient q'une lampée d'apocalypse, quelques conflits, quelques destructions ici ou là suffiraient à les maintenir au pouvoir fragile des hommes, s'étaient lourdement trompés. La planète seule, s'était octroyé le droit de choisir son avenir...
Il entendit un bourdonnement qui montait à l'horizon - galop de chevaux sauvages, barrissements d'éléphants en colère -  et le ciel se couvrit des milliards d'insectes qui attendaient leur heure, plongés le sarcophage de froidure... Les korbacs replièrent leurs ailes noires. Quelques uns furent croqués en un instant par la furie des criquets et autres bestioles à mandibules, emportés dans le vortex d'un appétit insectivore insatiable. 
La petite radio grésilla et un speaker aphone annonça qu'une partie du monde serait laissée à l'abandon... Une autre transhumance commençait...

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