mardi 11 avril 2017

LES POULES

Je venais de grimper le raidillon ( pourquoi pas ? ) quand j'ai croisé la vieille. Je dis la vieille, mais j'étais vieux aussi... L'un comme l'autre avions dépassé la date limite. Pas représentatifs pour un sou de ces seniors dont on nous tannent les oreilles, qui font du vélo, grimpent sur le dos des chameaux et vont en thalasso... Deux débris dans la pente, coincés entre deux marches d'escalier, deux locos à vapeur sur les rails du chemin de croix ( rappelons pour les mécréants, qu'arrivé à la gare, le t'it Jésus fit la gueule... )  J'avais des mouches devant les yeux, les poumons qu'explosaient et les oreilles qui sifflaient comme le fameux train de Gary Cooper... Pareil pour elle... On a fait un arrêt au stand, tchatché un peu...
Elle ma dit que s'en était fini de la maison du dessus... Pouvait plus monter plus la côte... Qu'elle regretterait bien... Les enfants avaient décidé de la mettre en vente ( la maison pas la vieille ! ).  Sept elle en avait des mioches... Je me suis demandé comment d'une toute petite rabougrie comme elle,  pouvait sortir un tel bataillon de gamins... La naissance reste un grand mystère... J'ai fouillé dans ma poche pour chercher un mégot en imaginant la smala tirer à la courte-paille, à celui qui garderait grand-mère... L'aurait droit à une double part du magot... C'est vrai qu'avoir un vieux à la maison c'est pas de la tarte disait madame Tatin... Même tout chenu, ça prend de la place, ça transgoutte des couches, çà laisse traîner ses mots fléchés partout...  Quand ça vomit pas son quatre heure en maudissant les croquettes du chien qui sont pas digestes... Mais on peut pas s'en débarrasser comme çà, vite fait sur le gaz, d'un vioque. Lui trancher les veines pendant son sommeil ou l'envoyer sur la lune... C'est pas moral ! Au pire on le met dans le cabanon dans le fond du jardin pour qu'il s'occupe des poules... Au mieux, on le sort dehors posé sur une chaise qu'il prenne le soleil,  on supporte ses souvenances, on le feuillette avant de le mettre au lit comme un bébé.
Finalement, la petiote m'a dit qu'elle irait chez sa fille aînée, qu'elle aurait sa chambre avec les moustaches de son défunt mari posées sur la table de nuit et la sainte vierge qu'est jamais bien loin quand tu sens que le tapis rechigne à s'envoler ( ? ).
Et puis, ça tombait pile poil, y'avait un grand jardin avec des poules...

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