mercredi 3 mai 2017

AUVERS

J'ai séjourné trois jours avec le calabrais à Auvers. S'agissait de retapisser une chambrée et de repeindre un garage au fond de la cour d'un Libanais qu'était chef de rayon chez Darty et plein aux as... Ce salaud roulait carrosse dans toute la contrée, trafiquait de vieilles bagnoles de collec et inondait le pays avec des tonnes de piments forts  qu'il croquait tout cru au petit déjeuner... Pendant qu'il refourguait deux machines à laver et une téloche, il discutait soupapes et carbu, avant de filer à Rungis récupérer un chargement d'épices venus tout droit du pays à dos de chameau...  Un sacré numéro je vous l'accorde !
Devant la fameuse église, y'avait toujours un troupeau de peintouflards ( et non pantouflards, comme le voudrait le bons sens ) du Dimanche qui rêvaient de n'avoir plus qu'une oreille et des tournesols à la boutonnière... L'ombrageux rital bougonnait après tous ces cons ( il savait pas exactement qui étaient les fameux cons, c'était un con-cept ! ) qui se garaient en double-file devant la cambuse du Bon Dieu et tourmentaient la mémoire du génie. Le rital croit aux bondieuseries, aux cierges, lance des sorts, et celui-là ne faisait pas exception à la règle... Moi j'essuyais les plâtres, lavait les pinceaux, rangeait les seaux, en me demandant pourquoi j'étais pas Bob Dylan ( Une obsession récurante chez l'Oteur. Ndlr ). Je tirais des plans sur je ne sais quelle comète, lorgnait l'échelle et la " sauterelle " qui me paraissaient  être des machins à se foutre la gueule par terre en moins de temps qu'il en fallait à Vincent pour torcher le portrait du Père Tanguy...
Le soir, après le diner ( nourris, logés qu'on était ) on biberonnait du Bourgueil dont le maraud était amateur pour faire passer les falafels épicées comme le diable que sa femme de cuisinière préparait en torchant deux mômes emmerdants comme la pluie et un chat plus hargneux que la retraite des vieux...
Longtemps... Longtemps après que les poètes ont disparus, tout ce monde n'existe plus que dans ma mémoire, mais je repense souvent aux deux tombes de Vincent et Théo recouvertes de lierre qu'on est allé voir un matin, juste avant de partir réparer le toit d'une remise chez une nana qu'était publiciste et pote avec Brigitte Bardot... Mais c'est une autre histoire bien sûr...
Journal Confus

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