lundi 1 mai 2017

CALVA...

C'est vrai qu'avec ce plaid posé sur les épaules, je ressemble à un vieux juif marrane qui rabâche sa Torah... Déjà que je bougonne de nature...  Manque plus que les papillotes, et Sarah qui prépare le baba ganousch au fond de la cuisine...
C'est que, mes amis, la neige a encore blanchi les sommets, et que les carrioles qui arrivent en ville ressemblent à des pères noël qui se seraient gourés de saison... Les rares pékins qui s'aventurent dehors  font les manchots sur la banquise... D'ici qu'on croise un ours blanc en maraude, y'a pas lerche ! On m'apprend dans le sonotone que les vignes ont gelé, que les petits bourgeons font la gueule et que l'expression " lâche moi la grappe " revient à la mode... Comme le caleçon en molleton, les mitaines et le bonnet de rapeur ( a ne pas confondre avec le tablier de sapeur, un attribut autrement plus attrayant ! ). Le soleil a la bloblotte mes amis... La tremblote... Lui qui d'habitude fait suer le monde, vous grille côtelettes et côtes de boeuf en moins de temps qu'il n'en faut au dérèglement climatique pour transformer le grand nord en pipi de chat, le voilà tout benêt avec ses rayons qui réchauffent que dalle...
Mouloud qu'a renfilé la chapka et le burnou en poil de chameau me dit que même au bled, le chichon qu'est pourtant pas une plante difficile, qui se contente de peu et pousse à la va comme j'te pousse dans les montagnes entre trois pieds de tomates et deux orangers, hésite à mettre le bout de sa tige dehors...
- Ça va encore faire monter le prix de la barrette ! me souffle le vaurien.
Je lui rétorque in petto que si le fourbi continue, il fera disparaître les marchands de glace ( comme jadis les postes à galène, les télés à lampes, ce qui n'a rien à voir... ) et que le prix du litron risque d'atteindre des sommets... Ce qui pour des petits retraités comme nous est une calamité pire que les sauterelles qu'ont ravagé la Haute-Egypte dans des temps qu'on se rappelle même plus pourquoi...
- On va tous crever de soif ! renchérit Roro le manchot en sifflant son verre de beaujolpif...
Un doigt dans le nez et un autre à chercher un peu de monnaie pour la prochaine tournée, je me demande combien de fois avons-nous blablaté autour d'un brin de muguet, deux euros dans la poche sous un temps de merde... Sûrement depuis que l'Euro existe... Croisé ces vendeurs à la sauvette qui vous arnaquent gentiment avec la tradition, la joie du printemps qui s'en bat les escalopes, et votre dulcinée toute heureuse de fleurir son foyer,  le fameux brin accroché au corsage... Combien de fois avons-nous vu défiler les syndicats en ordre dispersé, les branquignols de Jean-Marie jeter la Pucelle dans les flammes de l'enfer accompagnée de quelques marocains noyés sous les Ponts de la Seine de l'autre poète à deux sous... Je suis mauvais coucheur par nature. Toutes les traditions me hérissent... Rien à foutre du dernier pelot du pays qui fabrique ses galoches à la main ou du joueur du flutiau qui s'égosille à souffler dans une panse de brebis. Même les Filles de joie en ballade ( hé ç hé ! ),  celles du Faubourg  Saint-Denis ou de la rue du Panier que l'on allait mater avec un ami qui n'est plus, ça me gave... Vous dire les souvenirs... Déjà qu'aujourd'hui j'écoute Ella et Louis sans rechigner, serine que Sinatra c'est pas si mal... Je trouve que pour la nostalgie ça suffit... Et puis tous ces gens qui rêvent d'une niche occupée par un chien qui mord les mollets du premier passant qu'est pas comme eux, ça me fout la trouille... Que voulez-vous on se refait pas...
Tiens Colette, remets moi un calva....

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