lundi 3 juillet 2017

LAVACHE

-Ah ! Monsieur Lavache... Enchanté ! J'ai beaucoup entendu parler de vous... Les croques morts surtout... On vous dit fatigué, usé jusqu'à la corde, crochu et tordu... Essoré pire la serpillière de Madame Suzanne... Qu'est-ce qui vous est donc arrivé ? L'avenir s'annonçait pourtant radieux, plein de promesses et sans histoires... On vous imaginait facile assis à la droite du Père ! Roulant des mécaniques au fond du garage ! Pétaradant au défilé du quatorze juillet et à la fête à Neuneu...  Toujours en tête du peloton... Le roi des courtines, jamais placé, toujours gagnant ! Franchement on est un peu déçus...
- Eh ! C'est pas moi qui écrit l'histoire ! Adressez-vous à qui de droit... Aux guichets des pleurnicheries... Je prends plus les réclamations ! C'est le patron qui s'en occupe... M'en fait assez baver le sucre d'orge...
C'est vrai que moi aussi, je suis crevé... Je sais plus quoi en faire du zinzin... Par peur de manquer, j'avais mis de côté des aventures, de longues marches dans le désert,  des guerres de cent ans et des rencarts dans le boudoir... J'avais pour lui,  des souvenirs en poire d'angoisse, des feux de forêts, des brillances d'artificier...  Je lui avais trouvé une famille - Monsieur et Madame Lavache, 15 rue Sans-souci... - Un nom ridicule, physique ingrat,  et trogne de sanglier... J'osais, quand la moutarde me montait au nez, l'affubler de quelques trouvailles... Des Suzanne Bobinneau, des Eugénie Leprose qui barbouillaient son petit coeur d'artichaut... Si le baudet avait consenti à quelques efforts, je l'aurais volontiers fait Président, Mahometan ou jongleur au Cirque du Soleil... Il serait devenu bourreau des coeurs, chasseur de prime, Symphonie Grabuge,  écrirait un copain à moi plein de bons mots... En voilà un qui magnait les personnages comme des arbalètes...
Mais le coeur me manque... Ses airs de lamantin qui faignasse en eaux troubles me laissent sans voix et  mes petits doigts dérapent sur le clavier. Qu'il vive sa vie ce con ! Je reprends mes bonds de libellule., mes sauts de cabri...  J'y vais de mon petit autodafé perso... Je  le déconnecte, lui rend son éponge... Le silence des peaux chagrine le joueur de tambour, c'est bien connu...

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