Vous allez voir... Septembre va nous tomber sur le coin du museau sans qu'on n'y prenne garde, avec ses petits matins frisquets, ses belles journées à champi et ses carrioles qui retournent au chagrin... Faudra ressortir les pelures de l'armoire, les chaussettes du soir, et Suzie préparera les bouillons à la moelle pour la gamelle de Bobby, des tartes aux mirabelles pour la couvée, et des chansons à boire pour les vendangeurs... Les vieillards libidi-etc, les policitards et les mastards de tous poils frétilleront de la queue pour pécho ( refusé ! ) la rentrée. Les gabelous - impôts-pulos - trancheront dans la couenne du travailleur honnête qui renfilera ses bottes en rêvant du Grand Soir, et - Suzie, toujours elle - fera des confiotes et des écharpes en laine, comme pour traverser la Bérézina de sinistre mémoire... Nous aurons quelques jolis morts de l'automne, parce que pour eux, l'hiver à venir leur semblera trop dur à supporter et qu'un Noël de plus... Quelle importance quand on a fait le tour du traîneau et que les rennes veulent plus avancer d'un iota...
Vous allez voir.. L'hiver viendra plus vite qu'on croit, et comme des benêts qu'on est tous, on regrettera le sable dans les yeux que Toutmerde nous envoyait en secouant sa serviette de plage, les bouchons à péage, la piquette de onze heures, les tomates-mozza et les tristes noyés du mois d'Août...
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