J'ai mis la musique pour ne plus entendre les types qui cancanaient à quelques marches de chez moi. La faute à ce beau temps, et à cette interdiction de fumer dans les cagibis. Du coup, les pingouins jabotent et battent  la semelle sur le trottoir comme les péripatéticiennes de la France d'avant... Les bestiaux claquaient du bec, gueulaient après leurs échonocroques, et la banquise, qui fondaient plus vite que les ambitions de Méluche pour diriger le Soviet Suprême. La faute encore, à ces jeux de hasard d'où l'amour était absent... Et cette pouliche sans foi ni loi, qui avait loupé la sortie, et envoyé aux fleurs le gnome en habit de guignol qui lui tapait dessus pour la faire avancer plus vite... Les canassons n'ont besoin de personne pour faire leur vie, qu'on se le dise !
J'aurais bien alerté le guet, qu'il constate un tapage nocturne, mais on était en pleine journée, et déranger le shérif déjà fort occupé avec le grand débat, relevait de la pure provocation. Le bougre avait bien des soucis avec les revendications farfelues - le Père Michel qui lorgnait le chat de la Mère Lustucru, laquelle réclamait une juste répartition de la sauce tomate sur les pâtes, les dangereux hurluberlus qui ne rechignaient pas au coup de bâton pour avoir la carotte - vous voyez le binz...
Le vieux Georges, toujours gaillard, est sorti de la boite à musique, m'a tapé sur l'épaule, et m'a soufflé dans les oreilles, de ne pas m'en faire. Quand on est con, on est con... Il a bonne mine l'ancien... C'est pas lui qui supporte les piaillements de la populace et la tronche de Salvini...
La vie du zoo.