vendredi 1 novembre 2019

     Après le gueuleton, les hommes sortaient la goutte pendant que les femmes papotaient autour des restes du gigot en fumant d'un air sournois, des Royales mentholées qui aident à la digestion. Les oncles et les tantes ne sortaient pas d'une chanson de J. Brel... Ici, pas de boudoirs ou de barreaux de chaises qui enfument l'enfance... C'était des prolos aux mains calleuses, aux haleines avinées, usés par l'usine, et le chagrin qui empestaient le palier d'odeurs de choux et de panards mal lavés... On profitait de ce jour consacré aux macchabs et aux crisentèmes ( pourquoi pas ? ), qui sont la " marguerite des morts " ne l'oublions  pas, pour se taper la cloche, chanter des rengaines de Jean Sablon ou de Mireille avant d'aller se geler les glaouis au cimetière et de choper un rhume qui par bonheur n'était jamais de cerveau...
     C'était une époque sans Hallowen, sans zéro zozos... Un temps où l'Auvergnat fricotait avec une Jolie Môme toute nue sous son pull... On sentait bien une odeur de souffre venue d'outre-atlantique, les prémices d'un nouveau monde ( Manu Jupi n'a rien inventé ! ) qui mettraient cul par-dessus tête le képi du grand Charles, et les burettes de l'archevêque ( ? ), mais on avait le temps. Les élucubrations  en liquettes à fleurs viendraient bien plus tard, fleuriraient comme des boutons d'acné sur nos tronches de jeunes piafs... 
     C'était une époque où mon grand-père était encore de ce monde... Lui, n'allait jamais à St Sulpice ou ailleurs. Il avait trempé ses patounes dans les tranchées de la Somme, alors les boites à dominos, il laissait cela aux vivants...
Le Merle blablateur.


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