Petites fleurs.

On a compté une dizaine de maisons, serrées l'une, l'autre, au fond du ravin, comme les moutons quand ils ont perdu leurs chiens, et leur berger, passque, comme c'est jamais dit dans la fable, le loup les a bouffé tout cru...  En longeant le ruisseau, j'ai pensé un instant au gars de Rimbaud qui pionçait dans un trou de verdure, cette scie que j'ai jamais pu apprendre par coeur, et qui m'a valu bien des déboires avant que je commence à boire... Après, j'ai regardé où je mettais les pieds... C'est que, avant d'arriver à la fontaine, la pente est rude, les racines vicieuses, et les vieux Tartarin  comme nous, n'ont plus le pied très malin ( ? ). Bon, on pouvait prendre la route, mais avouons-le, c'est beaucoup moins drôle...
J'avais une soif de chameau en arrivant dans le patelin, et bien sûr, pas de bistrot... Pas de terrasse ombragée où siroter une t'ite anisette/cacaouette, une chopine de rosé qui délasse les papilles. J'ai voulu téléphoner pour commander une trappiste bien fraîche... Vous le croiriez pas... Ce bled est en zone blanche, au-dessus de tout soupçon... Tu peux laisser tout ton attirail de gougeuliste à l'entrée... Ton aie fone, tu le files au premier clebard qui passe ( y'en a quelques uns qui se baladent, viennent prendre des nouvelles du nouveau monde... ) Tu peux tweet tweet tant que tu veux. Si tu te casses une patte, faudra te traîner jusqu'au téléfon public goguenard, qui te diras que les lignes sont encombrées, et les secours absents pour cause de manif... Après, il faisait beau. J'ai soulagé mes arpions dans l'eau glacée, et Madame Bobineau a dit qu'on vivait une drôle de saison... La coquine avait raison. Il neige à gros bouillons depuis deux jours, et les t'ites fleurs, poussées trop tôt, font la gueule...
Glandeur nature.