Il était  bas de plafond, malingre, quelque peu difforme, chauve comme l'Antartic en hiver, bancal et pustuleux - si nous avions un peu de vocabulaire, nous écririons : chétif, cacochyme, crapoussin, rachitique - bref, c'était une sacrée mocheté ! Ses soit-disant " frères humains " profitaient de son handicap pour le moquer, l'avanir, lui causer des soucis à n'en plus finir. C'était à qui lui pincerait les oreilles, à qui lui mettrait son pied au derche, lui tirerait la langue en faisant des grimaces et lui jetterait des maléfices tout droit venus des vieilles idoles... Les dames n'étaient pas en reste, riant de ses attributs maladifs, d'un micro-pénis ( qu'heureusement, il pouvait cacher aisément ), qu'elles montraient d'un doigt blagueur, ou se détournaient de lui, toutes occupées à défendre leurs droits, à papoter des qualités du dernier mascara en graisse de zébu, tout en lorgnant sur des moustaches en tablier de sapeur (?) qui faisaient cruellement défaut à notre pauvre ami...

Ami, qui rongeait son frein, cachant précieusement une qualité que personne d'autre que lui ne possédait...

Il pouvait se REPANDRE  très vite, pour se venger de ne pas connaître les attouchements, les léchouilles,  les simagrées dont ses congénères étaient friands. Doté d'un sens de la multiplication pire le barbichu avec ses pains, il se sentait capable de foutre le bazar jusqu'au fond des panières à linge (?)...

Un matin, rendu hargneux, par une journée de printemps qui s'annonçait radieuse, par la courbe du chômage qui faiblissait, et par l'économie du pays qui repartait, il se mit en route, et le monde en fut tout chamboulé...

Contes à rebours.

J / 7.