vendredi 15 mai 2020

L'Ogre.

Voilà, qu'encore une fois, je me retrouve seul à bord. Enfin pas tout à fait... Il y a la pluie, le vent, quelques pékins qui défroissent leur ennui, mais ça va pas chercher loin... Y'a bien la petite pisseuse d'en face (?), mais avec tous ces événements, ( vous avez su ? Un virus, qui aurait mis le bazar dans nos ordonnances... ), on ne se voit plus beaucoup... Et puis, la rhabiller sans cesse, c'est pas une sinécure... Cette nuit, j'ai oublié de fermer portes et fenêtres. Je rêvais de liberté, de petits matins en bord de mer, du sourire un peu niais du soleil qui se lève, et mes bestioles en ont profité. Se sont fait la belle sans mots d'excuses, oubliant derrière elles ces petits mots d'amour, ces candy, sucrés qu'elles fredonnaient en jouant des élytres à longueur de journée...  Petites cigales aguicheuses, danseuses de cancan qui traversaient la piaule en deux coups d'ailes malicieuses. Elles me manquent. Comme Eustache et sa trompe, comme Rostro devant le mur... Comme Rhino qui jouait de la corne... Ce gros balourd qui bary-tonnait dans l'escalier pour prévenir de son arrivée... Le pauvre se rêvait ténor quand il croisait Aïda et ses trompettes, Carmen et ses Bizeteries... Nous voilà tous dans le silence.
- Et le silence rend sourd... ajoute l'Ogre, philosophe à ses heures.
Me reste plus que cette satanée fourmi travailleuse, empêcheuse de chanter en ronds de jambes, qui compte ses sous, instaure l'état d'urgence, dérange mes opéras avec sa morale à deux balles, son goût de l'ordre et ses odeurs de sainteté à faire fuir le dernier des Mohicans, mécréant et bafouilleur de mots, qui aimait tant se curer le pif en comptant les mouches...
- Des mouches de bar... Grommelle l'Ogre qui a des lettres, et que la vilaine a mis au régime sec.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

 H                                                                                                           U                              ...