jeudi 11 février 2021

 Il faut bien le dire. Depuis qu'on nous a fermé la lourde, abandonné sur le carreaux comme les mines et les vieilles aciéries, nos bonimenteurs de comptoir sont tout à fait tristes... Z'ont perdu le goût de la boisson, des parties de cartes, et des matchs gagnés à la buvette à grands coups de vin chaud. 
Hier, j'ai rencontré Bernard, un solide... Un gars qui tenait des permanences près du percolateur, le nez dans les courtines, et le doigt levé quand son verre était vide. Jamais vous ne l'auriez vu marcher de travers comme aujourd'hui. J'ai failli pas le reconnaître... Il a perdu sa prestance d'ivrogne AOC, le bagout qui l'avait rendu célèbre sur les boulevards, et dans tous les estaminets de la ville. Il ressemblait à une sauterelle bancale, qui n'aurait plus qu'une patte. Comme la ville d'ailleurs. Il y aurait long à dire... Ces péteux de pharmaciens tiennent le haut du pavé, dévalisent le troupeau apeuré, rameutent le loup à grands coups d'injonctions, d'ordonnances, et de < faut vous soigner monsieur... > comme si le loup avait quelque chose à battre de ces carabins en herbe..
J'ai essayé de le dérider le Bernard. Je lui ai parlé du nouveau Brésilien, et du Sud Africain, qui nous arrivaient tous neufs, pleins de mauvaises intentions, à en croire tous les Nimbus, mais qui, sûrement feraient danser les guignols à la prochaine réouverture des apéros...
Le pauvre bougre m'a dit qu'il en était resté au basic, à la première version... Il avait bien essayé l'Anglais, mais ça n'avait rien donné.

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