Je pensais à toi l'autre soir, en écoutant distraitement ce type qui me serinait avec son boulot, les perspectives nouvelles qui s'offraient à sa boite. La cause aux fluctuations des marchés, aux prochaines applications de l'I. A. qui à coup sûr changeraient la face du monde. Cette pandémie apportera un peu de clairvoyance dans l'équilibre des forces en présence. Restructurations, baisse du coût du travail, compression de personnel, ça va jongler chez les capitalos... On va donner un coup de balai à toutes les vieilles utopies ! Les penseurs pensifs iront se rhabiller, et le concert des Nations n'en deviendra que plus audible ! Ce charabia me fatiguait... J'avais beau lever les yeux au ciel, cette andouille imaginait que je lorgnais le lustre qui pendouillait au plafond, et menaçait de nous tomber sur la margoulette... Je pensais à toi. A l'écriture. Peut-être le seul moyen de chasser les mauvais esprits, d'éviter les importuns, ou de serrer la louche à un Vendredi tout droit sorti des limbes.

J'ai buguer quand il m'a demandé de tes nouvelles. J'ai répondu que j'étais " sans ". Ce qui, tu le sais, est un gros mensonge. Barbe m'a dit t'avoir aperçue devant un thé à la terrasse d'un café dont j'ai oublié le nom... J'oublie tout.  Comme ce jour d'octobre où tu as disparu, perdue dans un flot de voyageurs pressés, bousculée par un ruffian qui ne s'excusa même pas...