lundi 22 mars 2021

 Les surfeurs du virus attendent la troisième vague.. Ils font la planche dans la cour du vaccinodrome, l'ancienne caserne des pompiers, mise à la disposition des carabins, et des amateurs de piquouzes... Il faut voir les emmitouflés en file indienne attendre leur tour, comme à la sécu... On les sent inquiets, pas très sûrs du coup, hésitant à se sauver toutes jambes dehors (?) au fond de leurs cambuses, ou retrousser les manches du paletot, avec l'air benêt que confère ce genre de manip... C'est que les statistiques ne sont pas bonnes, et que cette foutue bise vous secoue les osselets jusqu'au tréfond... Manquerait plus qu'on chope la crève ! a ronchonné un impatient, le nez dans le thermo de vin chaud qui lui sert de masque quand il s'aventure dans la toundra.
 La semaine dernière, Liberio Lotti, l'ancien merlan de la rue des Carmes, a rangé son peigne, et ses ciseaux... Coquet comme il était, je suis certain qu'il a taillé une dernière fois sa fine moustache, s'est refait le portrait devant la glace, avant de s'inscrire sur les avis de décès qui rodent vers le bar-tabac, derrière une Rolande Verpollet, née Camaillon ( peut-être une ancienne cliente, va savoir... ) qui a rendu son tablier dans sa quatre-vingt neuvième année, histoire d'emmerder les héritiers qui préparaient le gueuleton pour ses quatre-vingt dix...
Il y a deux ans, Liberio pleurait son caniche Lulli, mort d'un accident de vieillesse...
" Aujourd'hui, je suis tranquille. Je peux partir " m'avait dit le figaro, capilliculteur les yeux déjà dans la vague d'un avenir incertain... La vieille boutique deviendra sans doute un truc de bouffe rapide, où des surfeurs sortis des remous feront la planche en attendant un panini dégueu... Qu'est-ce qu'on peut y faire ?
Rien.

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