Moi, je te dis qu'ils vont nous bouffer tout cru avant qu'on sucre les fraises... Qui çà ? Ben, tous les ceusses qui gouvernent là-haut, qui tiennent les cordons de la bourse ! Et vas-y que je me goinfre sur le dos du pauvre monde ! Ces vaches là se partagent le magot, et nous, on a les miettes, bien contents de pouvoir bouffer à notre faim... C'est pas partout pareil... Moi, au début, je l'aimais bien le petit Macron... J'suis voté pour lui... Un p'tit jeune bien mis, ça nous changerait des vieilles badernes que je me suis dit... Tu parles Charles... Le vl'a d'un coup, qu'il se prend pour Jupiter, Napoléon, ou je ne sais qui... Et paf ! Y nous tape sur les doigt, le petit rossignol ! Tu crois qu'avec la demi pension du Louis, et mon boulot de serveuse au Panier Fleuri, je m'en sors ? R'heusement que je bouffe plus beaucoup... Que j'ai plus de gros besoins... Sinon, je tirerais le diable par la queue, comme tout le monde ! Foutu pays !

J'vois bien que toi aussi, tu roules pas sur l'or... Mais toi, c'est pas pareil, t'es un rêveur... Toujours le nez dans tes bouquins, tes chansons à deux sous... Gisèle me le disait encore dernièrement, le grand bredin, on le voit plus beaucoup... Tu vois qu'il y a encore du monde qui s'intéresse à toi... C'est que si t'avais voulu... Dans le temps... La Gisèle, elle aurait pas dit non... Enfin, c'est du passé aujourd'hui...

Bon, faut que tu y ailles maintenant, y'a mon feuilleton qui commence... N'oublies pas les tomates !

Ces gens-là.