Le temps que Bob se remette d'une pelle magistrale en motocyclette, que le Boss retrousse ses manches, et parte à la rivière, nos copines d'école étaient devenues des mamans chéries... Ca n'arrangeait pas nos affaires... Fallait se ranger des voitures, ramasser les miettes du gâteau en léchant le peu de Cream qui restait au fond des bacs... Les joyeusetés, et autres dingueries qui nous avaient porté à bout de bras finissaient comme des clodos au fond d'une alcôve, des seringues plein les veines, ou devant le Dakota quand un Attrape coeurs frapadingue fit la peau à John... Gros Bill rangeait sa guitare au fond du bayou, en attendant que le KKK finisse ses pitreries, et que Norman rentre au pays... Le King suçait des racines à Graceland, et nos mamans chéries devenaient grand-mères... Le temps passait trop vite. Qu'on ne s'y trompe pas, la bête bougeait encore...Restaient toujours des vieux grognards pour faire tourner les ailes de moulin... On devenait métal, Dolls, rastafaris, punk à chiens, gugus à pompons (?), gros dégueus à ch'veux gras... On croisait toujours des bikers aux cuirs usés sur des bécanes aux cheveux gris ( ou l'inverse ! ). Même les vieux tontons jazzeux reprenaient du poil dans la trompette de Miles. Y'avait le choix, on ne savait plus où donner de la feuille... Les galettes prenaient le numérique dans la tronche, l'Industrie Musicale était née, malgré les soubresauts des Strays Cats qui faisaient les fous au fond du garage... Your blue eyes baby...
L'autre jour, j'ai croisé Gros Bill, sapé comme un milord, blindé d'oseille... Il ramassait les poupées à la pelle, rigolard comme pas un. Le coquin s'était refait une santé dans le rap, samplait les rengaines de Billie, et rédigeait ses mémoires... Nos mamans chéries nous les offriraient au noël prochain avec l'intégrale de Ludwig van Wagner, un machin qui prendrait vite la poussière sur nos étagères... Tant va le Rock à l'eau, qu'à la fin on se lasse a murmuré Bob... Sacré Bob, toujours sur la brèche...
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