Vous me voyez ci-là ( Charybde est parti pisser ) triste, et vide comme un matin de toussaint, à me souvenir du vieux temps, quand mes congénères, et moi, étions remplis jusqu'à ras bord d'un joli pt'it bleu qui ravissait les papilles, faisait chanter les coeurs, et blindait les estogoms... Ce troisième jeudi de Novembre était inscrit dans toutes les calebasses, dans toutes les amphores, et du fond des tonneaux montaient quelques paillardes qui rendaient grâce à toutes les gaillardes, avant que l'écriture inclusive, les véganes, et Mee Too ne viennent fourrer leur nez dans les affaires de Bacchus... 

Fallait voir, comme j'étais fier, quand mon patron, la lippe goulue, la moustache en tablier de sapeur, et les mains baladeuses, entonnait avec quelques compères ces hymnes à la gloire du beaujolpif tout neuf , gouleyant, servi à foison, accompagné d'un saucisson, et de tartines de fromage fort, liqueur de la treille qui coulerait toute la journée ( et toute la nuit ) gonflant les joues des ivrognes, et des ribaudes...

Paraît que le passé est une croix dure à porter, et que les marchands du temple ont transformé le gentil breuvage en piquette, qu'on sirote désormais en levant le nez, le pilulier à portée de main...

Vous me voyez ci-là ( Charybde est mort de soif ) à chercher mon pass sanitaire, mon masque, pour  essayer de trouver un comptoir qui veuille bien de moi, et quelques trublions pour trinquer à la santé du monde d'avant où les " Communards ", les Chiroubles, Brouilly, et autres Juliénas, tenaient la dragée haute aux grands crus, fumeurs de cigare qui dansaient comme des pieds (?). Ouvrez vos manuels, et répétez après moi : Etre assoiffé d'eau, c'est triste, mais faut bien dire, que l'être de vin, c'est encore vingt fois pire...

Journal Confus.