vendredi 12 novembre 2021

 Je rêve d'un endroit que je ne connais pas. A peine si j'ai le souvenir d'une rue en pente bordée de grands arbres feuillus qui font la nique au ciel, d'un salon de coiffure pour hommes à la vitrine un peu crasse, couverte de faux portraits Harcourt, et de réclames pour la brillantine Roja Flore ou Cadoricin de mon enfance. Salon remplacé depuis belle lurette par un distributeur de pizzas, et de boissons colorées qui vous mettent la courante, et trucident le jambon beurre, ou la salade César de grand papa sans états d'âmes. C'est ce que me confirme un vieux bonhomme qui passe, un sacripant bon pied bon oeil, qui profite de mon désarroi pour me taxer un petit biffeton, ravi d'avoir trouvé une poire pour son biberon (?).
Il faut que je téléphone à ma femme... Qu'elle vienne me chercher au plus vite, avant que ce paysage ne disparaisse. J'ai du mal à me situer dans l'espace, dans le temps, et les heures qui s'écoulent... J'espère qu'elle n'est pas enfermée dans le placard avec un amant de passage, se livrant au stupre et à la fornication, passe-temps qu'elle pratique allègrement, pendant que je cherche la direction la meilleure pour rentrer at home. Ma légitime n'a rien d'un fantôme si vous voyez ce que je veux dire..
Ecoute, je n'ai pas le temps pour l'instant ( le stupre vous dis-je )... A partir de la librairie " Le livre ouvert " tu descends la rue sans changer de trottoir, tu arriveras à la station de taxis. J'ai mis l'adresse de la maison dans une poche de ton veston, le chauffeur comprendra... Je paierai la course.
Bien sûr, les taxis étaient en grève, les autobus en rade, et ma femme toujours absente. Pris dans une débandade de manifestants qui fuyaient les pandores enragés, une idée m'est soudain venue : Est-ce que j'étais vraiment marié ? La question méritait réflexion...
Ces gens là.

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