Quand il devait sortir pour faire ses " contrariétés " comme il nommait les choses de la vie, il laissait le chien Balthus près de la petite radio programmée uniquement pour les Concertos de Vivaldi... Le mastard n'appréciait que cette musique, et encore, il fallait être prudent. Le cabot était sélectif, pointilleux sur le répertoire. Les fameuses Quatre saisons du rital, le hit des ascenseurs, des produits en promo, et des parfums à deux balles, lui faisaient dresser des oreilles rageuses, des crocs aux aguets, tout près de bouffer les meubles du salon, et la femme de ménage. Le patou avait mauvais caractère, et la moindre anicroche dans ses habitudes le mettait hors de lui. Fallait pas l'emmerder quoi... A peine supportait il quelques balades de Petit Paul, quelques vers de Maître Georges. Il aurait bien fricoté avec Lady Madonna , mais elle était trop occupée par les enfants... Et cette benête de Margot avec son matou, fallait même pas y penser... " J'ai les esgourdes en charpie " ronchonnait le Balthus, quand le "patron" - les chiens, même les pires, ont besoin d'un maître - assommé par les années, faisait claquer sur la platine des vieux rock an roll, que Papy Eddy n'aurait pas renié... Ca créait des tensions dans la cambuse, des bagarres sans fin, que les gueulantes du chat Bébert n'arrivaient pas à endiguer... 

Par bonheur, Boris ne s'aventurait plus guère au delà du jardin. L'interdiction récente de fumer dans la rue, les vaccinés, non vaccinés, re vaccinés, le rendaient prudent, ou colérique, selon qu'il avait écouté le gentil Léonard, les Vieux Cailloux en folie, ou la Chevauchée des W. du grognon Richard... La musique adoucit les moeurs ! Pas sûr... Trois injections de mirliton, vous donnent souvent des envies de meurtre... 

Dans cette famille, tout est compliqué ! persiflait la vilaine Fanny, entonnant des vieux chants Bigoudins... Mais ce n'était que pour emmerder le monde, comme un Président resté célèbre pour ses écarts de langage.. Elle est vilaine Fanny. Comme le Président, tout le monde le sait.

Ces gens là.