Ma petite rivière, vous la connaissez... Depuis le temps que je vous les brise avec ses états d'âme, ses soubresauts, et la façon qu'elle a de se faufiler entre les grandes bâtisses, les ruines des anciennes manufactures de pipes - Vuillemet Londres & Paris - qui tenaient boutique, et nourrissaient tous les pégreux du coin... C'était avant les costards trois pièces de la mondialisation, avant les m'as tu vu comme je fais du pognon avec mes calumets en plastoc, avant les lois anti tabac, anti déluge, anti tout, quand notre Vénéré poussait la chansonnette entre deux nuées de bouffarde.
Et ben, mes bons ( je me permets depuis le temps qu'on se connaît ), ma douche amie fait la gueule.. Est en rogne de ne plus rentrer dans ses belles frusques d'automne, ses beaux atours d'hiver... Avec ce cagnard qui fait transpirer tous les nimbus de la planète, qui se s'inquiètent ( les nimbus ) sur l'avenir des vendeurs de pébroques, et de bottes en caïoutchou ( pourquoi pas ? ) la voilà réduite, maigrichonne pire une bouffeuse de navet, sèche comme le gosier de Roro, toujours assoiffé... Juste quelques filets qui zigzaguent entre les galets qui se barbent faute de ricochets...
Je sens bien qu'elle en a gros sur la patate... Plus de courant, plus de poiscailles qui font les cons entre deux remous; les roseaux tous secs, et ces baltringues qui lavent leurs carrioles à grands coups de jet...
Pour un peu, elle sortirait de son lit pour leur mettre une averse...
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