mardi 21 février 2023

 Voyez la Tendue, comme elle se faufile entre les mamelons de la géante. Si vous montiez sur le téton ouest, si haut que le vertige vous prend, vous la verriez petite couleuvre agile aux écailles qui brillent, ou aux poiscailles qui frétillent, comme vous voulez. Vous seriez étonnés de sa vigueur à forcer les barrages de ragondins, à suivre au plus près le foutu gps que bousculent les cascades... Si la géante bouge un peu, s'éclaircit sur le flan sud, ou baille méchamment au nord, elle suit le mouvement, arrondit les angles aigus des cailloux millénaires. Un géologue parlerait d'érosion, d'anti ou de synclinale pour faire le malin, et étonner la foule...
  La géante a des arbres sous les bras, un ventre moussu, un sexe soigneusement caché par une armée de feuillus centenaires, et sûrement, pour faire bonne mesure, du poil aux pattes... Une pilosité de ronces, racines, et mulots affamés qui gênent les hommes/fourmis dans leur travail de sape. Il faut déboiser à tout va pour l'industrie du papier, la fabrication des mouchoirs de poche, la meilleure façon de se torcher. Creuser la roche pour faire passer la route qui rejoindra l'autre vallée. Et ça tronçonne, ça gueule, ça transpire sous les liquettes... Ca pue l'huile chaude des moteurs, ça débroussaille jusque sous le museau du goupil qui s'imagine une nouvelle battue. Ce sont des hommes en marche, souffle un vieux sanglier, foutons le camp d'ici vite fait !
 La géante se fout du bazar occasionné par le lilliputiens. Si elle saigne un peu, elle cicatrise très vite. Elle gagne sur l'échelle du temps. Tout repoussera plus fort. Les hommes eux sont fébriles, hargneux, durs au bucheronnage qui leur chauffe la couenne. L'homoncule voudrait grandir, mais le temps lui manque. Et la géante rigole.
Lilliput.
  

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