L'autre matin, regardant l'arbre minus qui zône sous mon balcon, je me faisais la réflexion - Oui, je ne réflexione que le matin. Le reste de la journée étant consacré à des siestes douillettes, des digestions coquettes (?), et l'observation attentive d'un nombril sournois planqué dans les replis d'une bedaine bien méritée. Il m'arrive aussi,  quand l'ennui me ronge les neurones, de mettre la clef sous la porte, et en souvenir de la vieille Queen que j'aimais bien, de filer à l'anglaise. Bref, je regardais l'arbrisseau, clignant des yeux comme un touriste japonais devant la Joconde, ou les promos de godmichées, et autres babioles exibées dans la vitrine d'un rade à Pigalle, et pensais doctement que ce petit salopiaud avait bien du mérite à pousser au milieu du fouillis des fleurs de pissenlits, des boites de bière, et des vieux tracts de la mairie qui promettait (la mairie) des abris bus tout neufs, et des crèches pour les animaux de compagnie, qui, on le sait, salopent tout l'appartement, pendant que leurs maîtres, pleins de sollicitude bossent comme des ânes pour payer les croquettes, et les nonos en plastoc. Nous parlons ici des canidés/matous/poissons rouges, et canaris, à ne pas confondre avec les moufflets, les miochons, les petites graines d'humain, qui sont parfois bien pénibles aussi et mériteraient un séjour en fourrière, histoire de leur montrer qui est le chef...

Une chose en amenant une autre, j'ai senti des petites feuilles guillerettes me pousser dans les oreilles. L'arbustre, comme moi, avait crevé de soif l'été dernier, perdu ses atours à l'automne (J'avais bien perdu mes illusions, tout est possible), s'était déclaré en mort cérébrale tout au long de l'hiver, et voila que, transfusé de chlorophylle, il fjaisait le beau, prêt à accueillir tous les avatars du printemps en goguette. Prêt aussi à faire la foire avec tous les piafs, et autres bestioles qui me faisaient la misère quand j'ouvrais mes fenêtres, campaient sur mes tapis pire des zadistes, et me piquaient vicieusement la couenne pendant mes nuits de sénateur. Et ça, c'était moins drôle... J'étais jaloux. Le renouveau des saisons ne me concernait guère.  J'avais les racines en carafe, un avenir de Grand chêne, et me dépieutais pire la côte de popularite du président dans les sondages.

J'en aurais bien fait du petit bois de l'arbris-sot, mais je n'ai pas de cheminée...