Vous allez dire que j'exagère... Que je rabâche, que je radote toujours les mêmes histoires. Et pour une fois, vous aurez raison. Chaque été, mes obsessions estivales reviennent plus vite que Fleur de cactus dans la troisième... Ne vous imaginez pas que je m'inquiète de la météo, des méga-feux, ou d'un emplacement au camping des Flots bleus. Y'a belle lurette que mes orteils ont déserté les plages, et que mes draps de bain n'ont pas vu la belle légionnaire (?) qui sent bon le sable chaud... Ca ne m'empêche pas de m'interloper furieusement entre deux chopines bien fraîches : Comme ça se passe la vie d'une mouche ? Qu'est-ce que ça pense ? Ousse-qu'elles dorment ? Pourquoi elles se donnent rancard autour du vieux claquos qui transpire dans le placard, font la java dans ma confiote ? Est-ce qu'elles s'emmerdent de ne pouvoir faire les soldes sur la toile, parce qu'elles s'en méfient de la toile... Voudraient pas finir en momie à se faire sucer la trompe. On ne va pas les attraper avec du vinaigre... Est-ce qu'elles ont des souvenirs d'asticots ? Des regrets de bouses de vache ? Quand je les vois qui partouzent sur la table du salon, quand je les surprend à suçoter une lichette de bibine oubliée au fond du verre, ou qu'elles se posent (ou se reposent) à des endroits que je ne montre à personne excepté mes femmes, et mes docteurs, je me dis qu'au fond, elles sont comme nous, elles ne font que passer. Ne pensent qu'à vivre un peu, à profiter du bon air, et de la bagatelle, avant de disparaître dans un grand couic sous les coups d'une funeste tapette (à mouches).. Bon, j'engage souvent des pourparlers avant l'assaut final, j'ouvre les fenêtres, leur chante une chanson, leur raconte une t'ite fable "Le coche et la mouche" du Jeannot par exemple, histoire que tout ne finisse pas en massacre... Je suis pas pour le génocide du diptère, des oïgours, ou des gitans, je n'en fais pas tout un drame, comme le binoclard  à Simone, mais quand même, venir camper dans ma gamelle, elles exagèrent (les mouches)...

Le Merle radoteur..