Marguerite, il nous faut des enfants. Etes-vous prête? Je suis en chantier, mon bon Maurice, mais par pitié, faites vite, sans fioritures, vous savez à quel point je déteste la bagatelle, et notre Seigneur, là-haut surveille nos ébats... Les deux poussifs se mirent à l'ouvrage, et au fil des années engendrèrent avec leurs grossiers appétits des mouflets qui occupèrent la bonne, votèrent pour une République blanche, catholique, et pour les plus malchanceux; le restant de la couvée, partirent à la guerre contre les teutons, les niakouais, et autres bicots qui salissaient l'honneur de ce beau pays. Le vilain moineau avait tout calculé. Sa nature chafouine, et son goût pour les écus feraient le reste. Menton ras, et ventre rond, l'aîné reprendrait l'étude. Une affaire de famille qui avait supporté les crises, les dévaluations, et les changements de gouvernement. La cadette, si elle n'était pas trop laide, ferait un beau mariage avec un héritier des Forges (on restait dans l'entre-soi), et pour les autres, on verrait bien... L'un prendrait la robe, l'autre deviendrait sans doute haut fonctionnaire, ou député. Pourquoi pas un Académicien ! pensait Maurice en bourriquant Marguerite, qui les yeux au ciel comptait les fissures du plafond, en attendant la fin de cette "petite affaire".
Par malheur, rien ne se passa comme prévu. Un poête*, et un libertaire moustachu* qui ne juraient que par les gros mots, et François Villon, chamboulèrent la belle ordonnance de l'édifice prévu par le baudet de la sainte famille. La progéniture battit de l'aile. Au grand dam de ces Philistins, épiciers à la petite semaine, des enfants non voulus devinrent tous chevelus... Poêtes...
* Jean Richepin.
* Qui vous savez.
Les Philistins.
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