Quand je me réveille au milieu de la nuit, que j'entends le hibou dans ma tête qui râle sur sa branche (ouais, j'ai des branches, et des rapaces dans la caboche, ne vous déplaise !) parce que cette saleté de hiboute (?) lui a encore posé un lapin, je m'inquiète du silence seulement ponctué par le ronron (ou le tic-tac) de mon petit réveil, qui, petit grognard du temps, ne fait jamais de pause, joue des aiguilles, pire ma grand-mère jadis qui me tricotait des pulls que je ne mettrais jamais, vu qu'ils étaient trop moches... Du coup, je repense à mon aïeule, et le hibou s'envole, dégouté par mes histoires de famille... Pauvre mère-grand qui n'avait comme chaperon qu'un garnement qui mettait du sucre dans sa soupe, cachait ses lorgnons, tapait dans son larfeuille, et lui brisait les esgourdes avec une musique de barbares chevelus, qui au fil du temps deviendraient des mamouths, que les jeunes générations suivantes s'empresseraient de mettre au fond des bacs, ou pire, dans la poubelle... Ainsi va le temps, dit la pendule pleine de sagesse...

 Par bonheur, il est rare qu'une telle chose arrive... Si j'ouvre un oeil, au milieu du néant, ce n'est souvent qu'une délicatesse de prostate impatiente, ou que soudain, je me rappelle où j'ai mis ma liste de courses... J'ai le sommeil du juste, le roupillon du croco qui s'est tapé un gnou au déjeuner, et il y a belle lurette que je n'écoute plus de musique... Ma grand-mère est morte, partie depuis longtemps, faire le ménage dans le cagibi du bon dieu, trop occupé par ces bon dieu d'humains qui ne croient plus à rien, s'affichent en icônes sur des machins que ma morale réprouve... Ce qui arrange bien mes affaires, et clôt le bec du hibou....