Quand je faisais une connerie, mon grand-père me traitait de Badinguet... Alors, Badinguet, t'es encore allé te saloper au poulailler ! Et les cisailles, tu sais pas c'qu'a coupe ! Qu'est-ce qui m'a foutu un Badinguet pareil ! J'en passe, et des moins bonnes... La cambuse sentait le foin, la soupe, et avouons le, le jus de pieds, parce que la toilette dans le lavoir, était loin de respecter les normes d'hygiène d'aujourd'hui. Vous allez me dire, on n'était pas plus scrogneugneux pour autant...La bonne mine... Le civet de lapin, et la t'tite goutte journalière suffisaient à remplacer l'homme médecine, et le ratichon de service... On tirait l'eau à la pompe, on lavait les extrémités en grelottant, et le soir, on écoutait la famille Duraton dans une radio bancale qui avait connu Radio Londres, et sans doute, l'appel du Général aux grandes oreilles... Il faudrait beaucoup de temps, avant qu'un instituteur en blouse grise apprenne à une couvée de morpions excités qui était Badinguet... Plus tard encore, je réaliserais qu'à la naissance de l'aïeul, Monet vivait ses plus belles heures, Van Gogh était déjà mort, et Picasso devenait le génie des grosses dames biscornues... Le temps est élastique, et mes souvenirs bientôt seront centenaires... Ca fait une sacrée trotte !

Memento.