mercredi 6 août 2025


 Le temps de karchériser l'étage du bas avec la même vigueur que la femme de ménage use son dos dans les escaliers de l'immeuble, de rendre présentables le côté pile, et le côté face, quand les petits travailleurs anonymes ont fini leur boulot, nettoyé les couloirs, et peinards attendent le lendemain, comme tous les prolos qui se respectent, 1971, et la fin du vingtième  dévalent les pentes du lavabo. Un mélange de glaires, salive, flux gastriques,  et goût de dentifrice au jus de ratatouiller, censé, d'aprés mon escroc de pharmacien, protéger les trois ratiches encore valides dans le clapet, et la langue bien pendue qui campent dans le gosier envers et contre tous. Je rame un peu... Rattrape vite fait la savonnette qui se faisait la malle sur le tapis pour se faire mousser. La savonnette adore se faire mousser, pire tous les branquignoles qui me saoulent à longueur de temps, et si les cloches n'avaient pas sonné la fin de la récré, on devait être dimanche, jour de messe, et de poulet rôti, jeunes couples cathos bien mis, ou vieilles noiraudes sur le parvis, je serais resté la bite à l'air à ressasser mes vieilles lunes, devant l'abïme qui s'ouvrait, à compter les années sur mes paluches qui tremblaient un peu devant le vide..
 A dire vrai, malgré les mandibules en vrac, les mouches qui se matent dans le miroir, et une drôle de mixture qui me coule du pif, je me fous pas mal des souvenirs. J'ai passé l'âge. Cuit, et recuit dans le chaudron des ombres qui glougloutent, j'écume le gras pour ne garder que les os, ronge mon frein encore, et encore, et quand j'arrive aux derniers moignons, basta ! Je grignote le fond de la gamelle, racle les dernières miettes, renifle des senteurs, des remugles, pire un clebard en rut, et remet la marmite sur le feu, en attendant mieux... Je cuisine le temps à ma façon. Certains optimistes prétendent que j'ai de beaux restes...
 C'est encore une fois, la petite radio qui me sort des limbes. Qui donc est derrière le micro ? A qui appartient cette voix de matou, bien posée, comme on dit, chez les pros du bastringue...Est-ce que  le type qui parle de Tarantula dans le poste, a un cors au pied qui le fait souffrir, des ennuis avec le fisc, ou une femme infidèle ? On ne saura jamais... J'ai moi-même eu des femmes infidèles, des problèmes de pognon, mais jamais de cors au panard... On pourrait parler de tout ça, avec le gus de la tsf. Peut-être qu'au hasard d'une rencontre, à la terrasse d'un bistrot, on deviendrait potes.Je lui dirais que j'ai jamais rien compris à la prose tarabiscotée du Bob, comme à celle des beatniks qui me font royalement chier... Mais bon, je suis pas une lumière non plus... Si y'a pas un méchant, une blondasse, ou une histoire à toto, planqués entre les pages, les bouquins me tombent des mains. Du coup, y'en a plein la chambrée qui empêchent la libre circulation des capitaux, péchés s'il en est.  Je lui raconterais la mort de Jim Morrisson dans les chiottes du R§Roll Circus, ou de Gene Vincent, celle de Jimi, et de plein d'autres, que je connais pas... La mort fait pas de détail...  De l'araignée collée au mur, une grosse tarentule justement. Et lui sourirait de me voir si vieux, râbacheur incontinent de Pénélopes qui passent illico pour de fieffées salopes. Comment en cette année 1971, j'ai écrasé un chat noir sur une route de campagne, rentrant d'une bamboula du diable. Sinistre matou qui me hante encore aujourd'hui... .Je lui demanderais des nouvelles de Bob...
Mementoto.
 


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