jeudi 29 novembre 2012

SANS TITRE ( 2 )

Cinq cent mètres à pince dans trente centimètres de poudreuse... Ca te change la vision du monde, et te convaincrait presque d'arrêter de cloper... Au pays des " peaux de bêtes ", t'as intérêt à avoir la santé et un bon bonnet... Un paletot en pure laine de bison et un fute doublé en poil de matou.. Moi, j'ai rien de tout ça évidemment... Du coup le blizzard qui nous souffle de travers à nous secouer comme les flammes des bougies d'un gâteau d'anniv, y me glace le slip et tout son contenu...
La cambuse au-dessus de la colline, j'te jure que t'as l'impression qu'elle te regarde arriver, qu'elle s'apprête à te faire un acceuil croquignolesque... T'imagine vite qu'un tas de bûcherons venus d'outre-tombe astiquent leurs tronçonneuses pour te souhaiter le bonjour... Les parcs à chiens sont vides et le grillage qui bringueballe dans les bourrasques te fout les jetons.. Pour un peu, tu verrais le grand Jack débouler avec son traîneau... Taïau... Taïau... Un bonnet en peau d'ours et un bout de barbaque saignante entre les dents... Le Grand Nord j'ten fous... C'est plutôt l'enfer blanc, la face cachée de la lune, la foire aux courants d'air, et la crève assurée....
Moi, je pleure la civilisation, les lumières de la ville, le bruit de bagnoles et les cris des minots qui d'habitude me foutent la chair de poule... Je vois la tronche à Kinski dans le " Grand Silence " ça me remet pas dans le bon sens de la marche, et j'ai les arpions qui commencent à gémir de froid...
A l'intérieur, c'est pas mieux. Désolation Row... Des planchers qui grincent, des amas de crottes de souris, quelques meubles qui s'emmerdent et toujours ces fantômes qui te secouent la caboche...
On a fait le tour du machin, vidangé la flotte, coupé le courant, ramassé quelques trucs qui encombraient le passage des mulots, fermé la lourde et caché les clefs... Quel genre de malade envisagerait de braquer cette baraque... Je vous le demande...
La descente fut encore plus périlleuse... Et je me suis dit en tremblant des ratiches que dans une contrée pareille soit tu passes ta vie au bistro à taper le carton avec des êtres venus d'ailleurs, soit tu deviens champion du monde de scrabble...
T'as pas le choix...

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