IMPOSTURE

On est là tous les deux sur le banc du square à déconner avec les pigeons comme le chanteur populaire... Moi avec mes vieilles sandales et mes chaussettes trouées qui laissent pointer mes orteils comme des pt'its piafs au bord du nid... Lui dans son fute trop court tâché par les emmerdes et pieds nus dans des mocassins qui baillent comme des enfants de choeur à la fin de l'office... Fallait bien que ça arrive... Deux crevures, vieilles ganaches revenues du front qui discutent de l'Ere du Temps... Deux canassons qui renâclent devant le picotin d'avoine, les doigts et le dos crochus pire que la mouche dans la toile...
" Quand je pense que j'ai tout largué dans les années deux mille, croyant que je ne passerais pas l'hiver et que je suis encore là quinze ans plus tard à me tripouiller la couenne... A me taper la caboche contre des murs de mots qui ne servent plus à rien... "
Je lui dirais bien que pour moi c'est pareil...
Mais j'en rajoute pas... Y' a bien que les pigeons pour ne pas croire à l'Imposture...