dimanche 27 avril 2014

PARE-BRISE

Moi, j'lui ai laissé toutes les chances à la guêpe. J'ai ouvert les portes, les fenêtres pour qu'elle puisse s'en aller fredonner ailleurs. J'allais tout de même pas lui foutre un coup de torchon dans la gueule passe que soit-disant une guêpe " ça pique ". C'est trop facile... J'écrase jamais les mouches, les fourmis, les papillons encore moins les araignées. Je canarde que les moustiques, mais c'est de la légitime défense...  Sinon je les transporte ailleurs le plus délicatement possible... Avec ma pelle, ma balayette... Les renvoie à leurs occupations... Les serpents je me sauve et les éléphants j'ai jamais eu l'occasion... Les bipèdes qui bavent devant le regard si doux des chiens, devant les pt'its matous si rigolos, qui caressent la croupe des canassons et s'esbaudissent devant la grâce des poissons rouges, z'hésitent pas les salauds à écrabouiller la moindre bestiole qui vient se perdre dans leur niche à deux sous, sous la loupiote ou sur le pif à Drucker quand il nous serine à la téloche... Pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas Domestiques ? Qu'ils font pas caca dans la litière parfumée ? Sans compter que le bipède, il a une trouille bleue de tout ce qui rampe, qui traverse les murs, qui vrombit autour de sa cafetière... Je parle même pas des mômes qui cloutent les hannetons, qui arrachent les ailes et soufflent dans le cul des crapauds... Ceux-là un jour, une femme, un patron, un abruti plus balèze, un fonctionnaire z'ailé, un adjudant-chef ou un cureton pédophile  les cabossera et on les ramassera avec la pt'ite pelle à ch'ni... Chacun son tour gros balourd...
N'empêche cette conne, elle avait dû se bastonner avec la vitre, faire un atterrissage d'urgence, ou peut-être un malaise... Un avc de guêpe... Je sais pas trop comment ça fonctionne... M'avait l'air au bord du coma, prête à faire le grand saut dans on ne sait quoi, même chez les guêpes ! Tourniboulait des ailerons comme la bille chez les joueurs russes... Position de survie... Peut-être qu'elle en avait marre de vivre au royaume des guêpes, se rêvait abeille... Un chagrin d'amour... Une liste d'impayés comme n'importe quel pékin qui pète les plombs... Je sais pas... Et puis chacun fait ce qu'il veut de sa vie... J'ai maté.. Voir si par hasard elle avait un parachute, une trousse de premiers secours,  mais que tchic... Impossible de se remettre à l'endroit, dans le sens de la marche ( nuptiale ! ). S'emmêlait les élytres dans le tapis... Devait sûrement gueuler Au Secours, mais moi, le langage guêpier je capte rien... J'allais tout de même pas l'emmener aux Urgences, déjà qu'ils veulent plus des vieilles et des ivrognes... Je l'ai posé sur la table du balcon, là où l'été, ses consoeurs viennent se piquer la ruche dans les auréoles de rosé et je suis parti acheter mon pain en mettant un coup de pompe à un gus qui faisait la quête pour la Croix Rouge, histoire de remettre les pendule à l'heure. 
Quand je suis revenu entouré d'une nuée de moucherons qui me prenaient pour un quartier de boeuf, elle avait calanché, sans fleurs ni couronnes, ses pt'ites antennes bien repliées comme au défilé du quatorze juillet des bourdons... J'ai pensé à un enterrement de première classe, mais vous savez ce que c'est les croques-mort sont bien trop occupés par leurs congénères... La mort ils z'y font plus gaffe avec toutes ces mouches collées sur le pare-brise...

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 H                                                                                                           U                              ...