samedi 29 août 2015

L'INTEGRALE ( 5 )

PROCHAIN ARRÊT ( SO WHAT )
... /...  .../...  .../...  Je bouge...  Léger froissement des extrémités au fond des draps... D'abord les orteils tordus puis la remontée vers les genoux, la traversée de l'aine, les ronds-points, les sens giratoires qui conduisent jusqu'au bout des doigts qui tapotent l'intro de So What sur les bords de ma boite à musique... Je pousse un pan de montagne qui m'obstruait la vue, ouvre les volets et aère l'intérieur de la cambuse... J'imagine qu'un matou viendra se bouler au pied du lit et que la blondasse entr'aperçue hier sur le quai étirera ses longs tentacules aux ongles carmin, se demandant pourquoi sa tignasse d'Ophélie repose sur l'oreiller d'un inconnu... Je pointe ma longue-vue et regarde ma blonde qui prend un café à la résidence Bel Air... Le mascara bovin du réveil posé sur les draps de soie, regrettant déjà ce long voyage puisque Bob était absent... Elle allume la tsf-musique et Miles souffle So What dans son bignou... Elle sourit en pensant que dans son cas, la B.O " d'Ascenceur pour l'Echafaud " eut été plus appropriée... Et ce vieux bonhomme qui la matait depuis l'autre quai...
Un jour ma mère est partie vers des pavillons de retraite n'emportant avec elle qu'une douleur silencieuse et une petite valise brune qu'une grosse dame en blanc me restituerait à sa mort avec une montagne de reproches pour ma désinvolture filiale, ma dégaine de Marlowe et mon haleine de vigneron... C'est elle qui désormais m'accompagne dans tous mes voyages ( Précisons : Pas la grosse dame, la valise... ). J'y entasse pêle-mêle le nécessaire vital pour des séjours très courts, des sauts de puce qui me font toujours regretter le pays d'où je viens... Pas besoin de ces valises à roulettes qui emmerdent tout le monde à l'entrée des wagons ou des sacs à dos qui vous font vivre entouré de bossus qui ne maintiennent leur équilibre qu'en vous poussant du coude ou en s'appuyant sur vous en vous prenant pour un porte-manteaux...
Quelques slips, chaussettes, frous-frous bon marché... Des carnets, des pages de livres dépareillés, et bien sûr pour corser l'aventure, le colt quarante-cinq et le kilo de cocaïne planqués dans le double-fond de la valoche... Les Civils qui rôdent, des femmes fatales qui bousculent le portillon, jacassent dans leur portable ( je sais qu'elles me dénoncent aux chaussures à clous ! ), des sinistres qui bavent un peu en lisant les cours de bourse et ma pomme toujours inquiète de la prochaine destination - Surtout descendre au prochain arrêt -.
- Dis donc ! Tu peux bouger un peu ton prose ! C'est qu'j'ai du repassage en r'tard avec tes bêtises ! a gueulé Madame Bobinneau... Le jour faisait la nique à l'obscur... Me suis promis d'écouter le Grand Nègre avant les informations et la fin du monde...  J'étais bien de nouveau chez moi...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

 H                                                                                                           U                              ...