mercredi 16 septembre 2015

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Je mate. Je mate. Je suis l'oeilleton dans votre porte qui surveille le couloir. Toujours aux aguets. Votre envoyé spécial sur le terrain, dans les zones de conflit... Du soir au matin ( ou inversement ) je lorgne, jette mes deux yeux, espionne... J'épie, je filoche, je flique et piste tous les mouvements du bas-monde pour vous en faire part quand vous serez grands et aptes à comprendre qu'il faut copier sans retenue sur l'épaule de son voisin, noter sur le calendrier des Postes, faire des fiches dignes de la sinistre Loubianka pour arrondir ses faims de moi ( Comprenne qui pourra ! ). Même la nuit, au moindre bruit, je sursaute - matou jamais pris en défaut - je saute du pucier, la nuisette au vent, les narines frémissantes et les noisettes à l'air,  je planque derrière la lucarne... Imaginez que je sois témoin d'un crime sordide, d'un apache qui bastonne le bourgeois pour lui prendre sa montre ou d'une " invasion de barbares " comme dit la Grosse Conne...  Et que je vous raconte tout cela demain, parce que je ne suis pas contre un peu de délation... Que je vous régale de menus potins, restants de pipi et autres fanfreluches qui font frémir dans les chaumières... A la fois chroniqueur mondain - je connais le prénom de la Sous-préfète - pourvoyeur de cancans, amateur de chair fraîche je veille sur la contrée et vous tient au courant des menus faits et gestes qui la secouent... C'est mon rôle...
Tenez, penchez-vous... Voilà une petite nouvelle qui gare un break de marque allemande, couleur gris-souris ( toujours le souci du détail, de l'indice qui permettra peut-être aux enquêteurs... ). Huit heures. Je note. La cinquantaine, cheveux courts et teints... un régé-color qui cache les premières mèches blanches... Les habits sévères, chaussures plates et pantalon droit... L'embonpoint qui laisse à penser que la ménopause fait son oeuvre, et le paquet de dossiers qui lui encombre les bras indiquent que cette personne au-dessus de tout soupçon, et en-dessous de tous les charmes qui font de la vie un manège, fait partie de la classe moyenne... Celle qui cravache durement devant le tableau noir.
Illico, je penche pour une inspectrice de l'Urssaf ( vérole bien connue des pt'its commerçants ) venue surprendre les Chinois du bas de la rue devant leur bol de riz du matin... Vérifier qu'ils ne cachent pas des paquets de yens entre deux tickets de Pmu ( vérole bien connue des amateurs de chevaux ). Je connais depuis belle lurette ( rapports 12390/78560/ ) l'intense trafic qui se trame autour des pronostics hippiques, des joueurs de Rapido et autres fumeurs de cigarettes qui stationnent devant l'établissement quand je sors ( ça m'arrive ! ) pour vider ma poubelle.. Mais de là à en faire un bastion des Triades... Faudrait pas que sur un coup de colère, les bridés nous transforment la passable ( j'aurais pu écrire la belle, mais elle est pas terrible ! ) en nems ou en pâté pour chien... Faudra que je surveille son retour... Et puis, les descendants de Mao,  c'est comme les filles du Kartier, faut les avoir à l'oeil... C'est pour celà que notre maire bien aimé installe des caméras partout...
Demain, si le temps s'y prête, je mets à jour ma liste des joueurs de boules. J'ai l'impression qu'il y en a de nouveaux, inconnus de nos services...
En direct de Cafardville.

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