samedi 12 septembre 2015

L'INTEGRALE

URGENCES
Y'avait foule aux funérailles de Raymond le vieux coach de la salle de boxe ce triste matin d'hiver... ( Pourquoi les matins d'hiver sont toujours tristes on sait pas mais c'est comme ça...  Encore un truc de scribouillard ! ). Toute une assemblée de pékins se serraient autour de la boite dans la froidure de déccembre. ( Pourquoi il caille toujours aux enterrements ? Sûrement la mort qui vous glace... Me souffle le directeur de l'info qui se prend pour Vieux Père Hugo.. ) la morve au nez, les pieds gelés avec une forte envie de vin chaud et de bouillotte qui comme vous le savez, sont l'apanage d'un hiver réussi... Nous autres, les habitués du ring, les amoureux de la savate, les souleveurs de fonte, les Cerdan en herbe et danseurs mondains, on étaient étonnés... On lui connaissait pas de famille à l'ancêtre... Jamais il nous avait parlé d'une appartenance quelconque... Le potage dans la gamelle familiale, c'était motus et bouche cousue... Y'avait guère qu'une gamine qu'on appelait Molly qui venait de temps en temps lui tirer les cartes ( J'ai prévenu C'EST DANS LE DESORDRE ! L'Oteur )... A croire qu'il était né dans un chou, qu'il avait atterri comme un parachutiste entre les cordes... Raymond, il avait le passé embrumé sous le béret, dans les nuées des Gitanes maïs qui lui pendaient au bec et si l'un de nous lui présentait un cousin qui voulait faire quelques rounds, il clignait des mirettes, et chaque fois vous répondait " Faut voir... C'est vraiment ton cousin... "
Je vous parle de ça... Y'a longtemps (Tiens ! le vl'a qui rouvre l'almanach ! Z'allez voir qui va bientôt nous retapisser sa première branlette note Suzanne dans son calepin de recettes ). C'était l'hiver soixante-cinq... Sans doute ému par la réélection du Double-mètre étoilé ou l'assassinat du nègro Malcom X, on a jamais su...  le vieux avait rendu ses gants, sa gapette et son paletot sans même attendre que le Père Noël lui mette un champion sous le sapin...
Moi, dans ces années-là, j'étais plutôt jeune, feuillu et bien membré.. Les poings au fond des poches tellement ils avaient envie d'aller torgnoler la bande de demi-sels qui pleurnichaient autour du trou, se refilaient le goupillon en pensant que la salle de boxe ferait un chouette parking ( payant ! ) quand ils toucheraient le pactole chez le notaire... Un sanguin que je retrouverais bien des siècles  plus tard emmanché dans une affaire de ballets roses... Le champs de navets était plein de cousins, cousines éloignés voir germains, de faux-frères, de tontons d'Amérique revenus exprès, de vieux chinois façon J. Brel... Catherine Langeais venue en voisine qui papotait avec Jacqueline Joubert une commère de la Tsf...  Y'avait une même un infirmière qui ronchonnait que le service public c'était comme les filles ( publiques ), fallait tapiner dur pour gagner quelques sous... ( Un enterrement, un testament, des filles publiques ! C'est pour moi renchérit le Moustachu auprès de son arbre ! ). Bref, y'avait plus de monde qu'au marché de Brive la Gaillarde ( Une bonne idée ! Je note ! Dit Qui Vous Savez ! ) et l'air embaumait le vautour repenti et le bénitier plein de pesos qu'on redistribuerait sûrement pas aux pauvres de la paroisse...
Si je repense au coach ce matin, dans mon bain moussant, c'est que Georges le larbin aux clefs d'or vient m'annoncer du ton con-passé, pincé et repassé,  qu'il emploie pour dire à Madame que ses bagages sont arrivés ou à Monsieur qu'une jeune dame demande à le voir au fumoir (Une histoire de pipe sans doute ! ricane le rimailleur... Cui-là faut que je le vire ! ) que l'on me cherche partout dans la contrée... L'istoire je vous dis...

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