vendredi 8 janvier 2016

HUIT UN

MILLE NEUF CENT ET QUELQUE CHOSE...
Cher Journal,
Ca y est. Je suis arrivé. J'ai du poil au menton et au collège ça va pas fort... La pt'ite Juliette n'a pas voulu de moi, mais je m'en fous... Je m'enferme dans le cagibi, allume l'électrophone ( offert à Noël avec un quarante-cinq tours d'Enrico Macias ! ) et entame un trip qui va durer près de vingt ans... Je n'écouterai plus de musique après les années quatre-vingt... Enfin, plus la même..
C'est des années de fièvre. Le monde est cul par-dessus tête et ma liste de musicos s'allonge. Les nouvelles tables de la Loi sont posées... Pendant dix ans, ça bouillonnera dans les carlingues. Presse, musique, cinéma, bd et fumette... Sacré coup de bol quand même ! 
Les plus grands ont quitté leurs " petites amies ", ont pris femme, fait des lardons, sont retournés à l'usine, rentrés dans le rang... Quand on pense qu'ils roulaient des mécaniques dans leurs cabriolets, leur brillantine et leur banane...  Quelle bande de ploucs ! Nous les jeunots, on " écoute pousser nos cheveux ", on chourre dans les monoprix ( l'argent de poche n'étant pas un dû à cette époque ), on échange, on traficote... On palabre sous le poteau électrique... Les amitiés se font ou se défont au gré des nouvelles tendances... Qui de Clapton, de Page ou de Beck est le meilleur... - Tu rigoles ou quoi ! Moi je dis qu'y'a que les Stones et puis c'est marre ! Pourquoi pas Johnny et ses Chaussettes Noires ou Cloclo et ses Chats Sauvages pendant qu't'y est ! - N'empêche Cream, Mayall c'est pas de larte quand même... Tu vas peut-être me dire que Dylan c'est de la bouse... - Vous avez écouté " Light my Fire", c'est pas d'la daube quand même... - Moi, je dis qu'il faut revenir aux sources...  - Oh ! Toi, t'y connais rien !  Faut dire qu'il y avait de quoi se prendre le chou. Toutes les semaines surgissait un groupe catalogué illico comme " nouveaux Beatles ", arrivait un guitareu ( refusé ! ) qui tirait plus vite que son ombre... Fallait-il jeter aux orties le dernier opus des Garçons ou taper tambour avec le MC5... On était des grains de poussière qui à chaque coups de balai montaient droit vers les étoiles...  Moi, je rackette ma vieille pour de nouvelles acquisitions, m'arsouille avec les gangs de L. A. et me demande pourquoi la pochette de Blonde on Blonde est si floue... Je bandouille devant les nanas de Crumb, je me réveille la nuit parce que Joplin braille Summertime,  et d'ici peu j'apprendrai à lire...  Le temps filait comme l'Electric Ladyland et bientôt, on f'rait un groupe qui rentrerait dans l'histoire...
On n'a pas su faire... Ben est rentré en fac et Ian avait pas assez de thunes pour se payer une batterie correcte.... J'aurai au moins appris  trois accords de guitare...
Après, vous connaissez la chanson... Les " évènements ", Dany le rouge, Bizot, Actuel, le féministe, Baden Baden, et j'en oublie sûrement... ( Déjà ces putains de guerres... ).  On a fait le plein de sensations fortes, de festivals, de déglingues par procuration au fond des limousines... La Valse des Pantins allait bon train, et je suis resté scotché longtemps sur l'intro de " Baba O'Riley ". J'y suis encore d'ailleurs...
08/01/2016.

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