mercredi 3 février 2016

BING BANG

On a pris le bus. Carbonisés par une nuit blanche et un petit dèj douteux - Vin rouge, mescal et pains au chocolat rassis -. Ylse devait pointer pour sa conditionnelle et vu sa tronche, je me demandais si les gabelous n'allaient pas l'encabaner illico avant qu'il ne pose sa griffe sur l'agenda des va-nu-pieds et autres voleurs de poule... Le bonhomme faisait passer n'importe quel zombie au rang de premier prix de beauté à la salle polyvalente de St Frusquin ( ce qui n'est pas une mince affaire ! ).  N'importe quel Freddie devenait innocent comme un pt'it rat de l'Opéra et Casimodo pouvait sonner les cloches tant qu'il pouvait, il ressemblait à un enfant de choeur face au tsunami sur pattes qu'était devenu Ylse après tant de déraillages... Tant de pouilleries diverses et variées...
Comme dans un mauvais polar, le jour avait des teintes blafardes, des moiteurs d'essence et d'eau de toilette, des humeurs chargées d'amertume, odeurs courantes chez les  prolos qui vont au chagrin... C'est incroyable que trente pékins entassés l'un sur l'autre comme des allumettes dans leur boite, se mettent à puer pire qu'un troupeau de vaches et de moutons réunis ! Même sous le smoking et les bonnes manières, l'animalité prospère dans des sueurs  morbides...  J'avais des remontées vicieuses, des pt'its points verts dans les yeux, le mescal sans doute, des relents improbables et une haleine de blaireau...  L'impression d'avoir un suppo en ferraille dans le derche chaque fois que le bus évitait les piétons en folie, les bagnoles et les cyclos épileptiques qui contribuaient, dans un mouvement digne d'un bataillon de hamsters dans leur cage, à me foutre une envie de gerber dans le journal du gugus qui me marchait sur les arpions et cultivait les pellicules sur une gabardine hors d'usage... J'avais les guibolles en guimauve, et je manquais tellement d'oxygène que j'aurais respiré n'importe quelle fumée d'usine, n'importe quelle fumerolle de vieux pneus pour ne plus naviguer en apnée...
Quand je chauffeur du bus a allumé la radio et que G. Bécaud s'est mis à râler parce que la Place Rouge était vide et que Nathalie n'était jamais qu'une pouffe,  j'ai su que la fin du monde était proche...
BIG BANG ( I ).
Bernard Cotique.
Editions Dubois.

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