samedi 19 mars 2016

MAESTRO ( 2 )

On trouve toujours des relents de symphonies au fond des fosses d'orchestre quand le concert est terminé. Des effluves laissées par la baguette magique du maestro qui dirigea le troupeau. Le bruit des pages tournées pendant la représentation et le silence demandé par le régisseur dans les coulisses. L'odeur des tenues de soirée imprègne encore les sièges cramoisis, et les croches, doubles-croches frétillent sous les lustres second empire comme des chauve-souris en chasse...
Ici une partition oubliée par un distrait sur un lutrin qu'un homme de ménage emportera pour la montrer à ses enfants. Pour nourrir les mioches, rien de tel qu'un bon premier mouvement joué de main de maître par l'ensemble des cordes énervées. Là, le souffle des tubas du quatrième rang qui fait encore dresser les cheveux des fragiles clarinettes et bassons enrhumés. La pianiste est partie la dernière, saluant encore une fois la foule sous les claquements secs de musiciens sur leurs instruments, et le chef en sueur défait son noeud pap, s'accordant une bière après ce marathon bien mérité... Ce Mozart tout de même... C'est pas d'la tarte... La foule sort à petits pas, s'en va souper sur les boulevards et les machinistes éteignent les chandelles du théâtre.
On ne saura jamais ce qu'il advient du triangle, certainement rangé soigneusement dans son écrin en velours, qui s'ennuie un peu entre la grosse caisse et les cymbales.
Doubles-croches.
Editions Partoches.

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