jeudi 22 septembre 2016

L'HORIZONTALE GASTRO...

Après une bonne et longue nuit suivie d'une grasse matinée, il prenait un petit déjeuner copieux qui, de gargouillis en cafouillages intimes, le forçait à s'allonger sur le canapé, attendant patiemment l'heure du dîner. Bien calé dans les oreillers, il concoctait pendant une petite heure le repas de midi salivant à l'avance le civet de lapin au chablis ou la brandade de morue ( recette exclusive d'Amalia et de Fatima ) préparés la veille. Il somnolait un peu, coincé entre les pages d'un livre de cuisine ou d'un roman de quat'sous. R.S. Jazz ( la radio suisse qui dévisse ! ) l'emmenait doucement jusqu'au repas de midi, qu'il commençait précisément au douzième coup de l'église qui comptait ses ouailles,  quand la cuisine sentait le pain chaud et la table bien mise.
Composée souvent de deux entrées ( des Artistes ! ), d'un plat de résistance, d'un ou deux desserts, salade fromage et tutti quanti.  Accompagnée de solides demoiselles bourguignonnes bien charpentées, la mangeaille une fois avalée, vous promettait une sieste réparatrice et bien méritée ! Un petit digestif pour clôturer les débats, et le roupillon salvateur vous menait tout droit au goûter de quatre heures. Pour rien au monde, il n'aurait voulu louper ces relents d'enfance où comme un chaton,  il lapait le lait chaud, les doigts pleins de confiture, quand sa mère avec le sourire enjôleur et le regard de mante religieuse qu'ont toutes les mamans du monde,  lui disait " essuie tes moustaches ! ".
- Que désirer de plus ? pensait le vieux gandin en trempant la madeleine de J. Brel ( un gars qui connaissait le Marcel du XVIe arrondissement de Paris ! ) dans un bol de chocolat chaud. Et de s'affaler tel un Gouda pansu dans le fauteuil pour prendre les nouvelles du monde qui s'avéraient souvent soporifiques et n'arrangeaient pas l'embrumage ( ? ) dans sa tête de linotte...
Restaient quelques heures à tuer avant le souper. Il s'employait ardemment - croquant quelques chips ou bâtons de nougat - à se crêper le chignon, à se couper les ongles de pieds ou plus simplement faisait la limace dans le couloir pour chercher un peu de frais à peu de frais....
A l'heure des vêpres et de l'angélus, soucieux de sa ligne et de sa santé, il prenait un consommé de Millet, une Verlaine menthe et le traditionnel bonnet de nuit sur la tête, ses ablutions faites et son âme en paix partait se coucher pour une bonne et longue nuit dans le lit qui avait conservé la douce chaleur du matin, quand il avait étirté ses mandibules après une bonne et longue nuit avant de prendre un petit déjeuner copieux etc... etc...
L'Horizontale. Gastro.
Editions Dodo.

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