lundi 31 octobre 2016

RETRO FUTUR ( 1959-1964 ).

Tous les mercredis papa m'emmenait au cinéma. C'était notre sortie " entre hommes ", une histoire de  " bonhommes " qui se payaient une toile, se tapaient une tranche de John Wayne ou de Jean Gabin...  Une plongée dans l'écran qui promettait des cow-boys au grand coeur, des malfrats  de série noire, des blondes platine ou la tronche de cheval de Fernandel, que je me demandais comment un type pouvait vivre avec une hure pareille, tout en chantant des conneries qui font partie aujourd'hui du patrimoine national ( Comme quoi... ). Papa connaissait la caissière qui tournait la tête quand on rentrait, ce qui nous faisait gagner quelques sous qu'on donnerait à l'ouvreuse esquimaude pendant l'entracte entre les publicités de Jean Mineur et le début du film... Nous irions après la séance - c'était rituel - au café de l'Ecluse se taper un t'it canon ( une menthe à l'eau pour moi, qui me donnait envie de pisser ! ) où papa saluerait des dames qui, je ne savais pourquoi, l'appelaient mon chéri ou double-mètre... Elles avaient la bouche peinte en rouge, les yeux en vert et sentaient bon comme maman quand elle se préparait pour la messe du Dimanche... " Tu diras rien à ta mère ! " me sermonnait le pater en rentrant à la maison. Beaucoup plus tard, ( je suis un peu lent à comprendre les choses ! ) Riri la Poisse m'apprendra qu'arpenter le bitume, aller aux asperges ou gagner son pain d'fesses étaient des expressions qui fleurissaient sous la casquette à Mimile quand il relevait les compteurs de ses gagneuses... Le tôlier, qu'on appelait " nez d'boeuf " avait lui aussi une tête de Fernandel, mais plus triste, plus cabossée, comme une qu'aurait fait campagne dans la légion étrangère, qu'aurait avalé son bulletin de naissance de traviole... Il me foutait la trouille... Faut dire que le verre de menthe ou grenadine ( selon le temps... ) était tout petit dans sa paluche d'étrangleur, un battoir tout poilu dont les doigts gros comme mes cuisses s'ornaient de bagouzes têtes de mort et autres frivolités qu'avaient bien dû casser quelques ratiches dans le temps passé...
A cette époque, on n'avait pas la télé. Faudrait attendre que le guignol en combine fasse le Pierrot sur la Lune pour qu'on se branche enfin sur le râteau magique... Une saloperie qui à chaque bourrasque mettait de la " neige " sur l'écran et foutait en l'air les aventures de Rintintin...
Quand le type a réglé la mire et que la choucroute de Catherine Langeais est apparue sur l'écran, j'ai sentit que quelque chose avait changé... S'en était fini de nos petites sorties,  papa s'endormait devant " Cinq Colonnes à la Une " pendant que maman proposait que " pour changer " qu'on aille au ciné...
Juste retour des choses...
J'avais grandi moi aussi et j'espérais, qu'un jour,  Quatre garçons dans le vent... Mais c'est une autre histoire....

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