samedi 19 novembre 2016

LIVRE 8

Madame Bobinneau me dit qu'elle a vu un vieux qui pissait contre le mur d'une sanisette et qu'un autre attrapait des piafs imaginaires sur la place, gesticulant des tentacules comme un qu'aurait perdu la tête... Dehors, le vent, la pluie, les feuilles qui tombent comme mes cheveux qui s'amassent sur la brosse, font des touffes dans le siphon... Ça pue le gros temps, la peau de fesses,  les osselets qui grincent et les petons gelés...
Madame Bobinneau me dit qu'elle croise des jeunes hommes toniques et bien membrés, qui courent dans la rue sur leurs pattes de héron, la bouche gourmande et le regard clair... " Ce sont peut-être les derniers reflets que j'emporterai avec moi dans la tombe " rajoute la gredine...  Je la rabroue ( refusé ! ) méchamment, n'étant pas d'un bon usage les matins de gdb... Jaloux que je suis de ces sbires aux jambes fermes, aux gencives saines qui chopent la vie par derrière, lui r'troussent la liquette et s'en vont voir ailleurs si leur équipe favorite a gagné la coupe... Je les entends qui ricanent derrière mon dos quand je cherche mes clefs, que je m'esbigne dans l'escalier... M'aideraient pas à porter mon cabas ces fumiers ! Salauds de pauvres ! disait Gabin en traversant Paris... Salauds de jeunes ! que je rétorque en gesticulant des tentacules et en pissant contre le mur des sanisettes...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

 H                                                                                                           U                              ...