mardi 28 février 2017

RAMASSE-MIETTES ( 7 )

Parce qu'il avait mal aux cheveux et que le temps ne se prêtait pas aux mises en plis, il pensa à la petite boutique qui vendait des valises, des sacs à mains, des cravates et des bretelles... Quelques chapeaux aussi, que les mioches chipaient et mettaient sur leur têtes pendant que maman choisissait le " baise en ville " qu'elle offrirait à papa pour son prochain anniv... Cette sacoche très en vue dans les années d'un autre siècle que les hommes porteraient en bandoulière après - comme le soutiendrait mordicus un éditorialiste dont on taira le nom - avoir perdu leur paire de c.... et le sens des affaires...
Attention, nous parlons ici de valoches en vrai cuir, molletonnées  à l'intérieur, avec la petite poche qui se referme pour protéger la fiole d'eau de toilette, les croisillons élastiques pour tenir en place les liquettes et les limaces fraîchement repassées... Système de fermeture qui claque quand on le ferme, avec la petite clef qui va bien pour éviter les curieux et les importuns... Le cauchemard du douanier...  Pas de ces mallettes plates comme des mannequins anorexiques qui n'ont rien à raconter... Sauf celle de James bien entendu, qui a un double-fond pour ranger ses conquêtes féminines...  Excusez ! On parle ici de bretelles sérieuses, ajustables qui soutiennent le pantalon autant que l'embonpoint... De celles qui s'ammourachent des petits boutons nacrés cousus sur la ceinture du bénard... Des bretelles de marlou, de politicien véreux, de joueur de billard ou de journaleux du Watergate, vous voyez le genre...  Pas de ces élastiques terminés par des pinces croco qui vous scient les épaules, tout juste bons à dépanner une carriole qui démarre pas... ( James en a une belle paire aussi ! De bretelles... ) minaude Madame Suzanne, toujours au fait du cinoche, et un peu jalouse de Raquel...
Le boutiquier qui tenait l'estanco était un chafouin... Il avait le physique ingrat ( refusé ! ), les tifs en bataille et la trogne en accident de trolleybus - C'est ainsi qu'on nommait jadis les " transports en commun" que voulez-vous que j'y fasse ! Ndlo - fumant des naseaux quand il reniflait la bonne affaire, le voyageur en perdition, la femme adultère ( ? )... A deux centimètres du nanisme reconnu par l'Académie des sciences, le filou vous regardait de haut ( cherchez l'erreur ! ), se targuait de réparer les parapluies d'amoureux transis, les ombrelles des demoiselles enamourées et les coeurs brisés des cupidons qui portaient sous les yeux les valises bien nommées, en plus de son petit commerce de " Cuirs et Peaux ".
Quand il a fermé le magasin, pour aller dans un monde sans urssaf et sans gabelous qui lui suçaient le sang, c'est comme si on avait coupé un bras au quartier... Le vilain et son biz'ness à quatre sous ont été  vite remplacés par une banque mutualiste, un machin plein de verre fumé où tu vois rien au travers...   Remplie de représentants de commerce - des quidams de rien du tout - des actionnaires chauves du bonnet, qui ouvrent des mallettes plates comme des mannequins anorex etc... etc... Vous verrez qu'un jour, le kiosque à musique sera remplacé par un de ces comptoirs où l'on mange debout, une valise en carton bouilli aux pieds, pendant qu'on regarde d'un air absent une demoiselle enamourée qu'a des problèmes de pararpluie...  Coquin de sort !

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