mercredi 7 juin 2017

LA VIE DES MORTS...

Les vivants sont des éphémères. Fragiles, cassants comme des éprouvettes de laboratoire... Des cornues d'alchimistes qui se brisent au moindre geste. Ils disparaissent une nuit au fond d'un lit douilet ou une paillasse d'hôpital... Deviennent une voix anonyme au téléphone qui dit " c'est fini ",  et l'on assure -  la voix comme en coton -  qu'ils se sont endormis dans la paix, sans cette douleur qui toute leur vie, augura de leur fin prochaine. Ils sont des morts ordinaires qui ne défraient pas la chronique. Des moribonds programmés en quelque sorte. D'autres moins chanceux, s'oublient dans un amas de tôles froissées, à la terrasse d'un café, dans la furie d'un ouragan ou dans cette vague qui emporte tout, surpris par la violence du tarot qui retourne la mauvaise carte. Si certains s'éclipsent sans bruit - pour ne déranger personne - froissent la page du grand livre, c'est qu'il n'avaient sans doute plus rien à écrire... Et l'on s'étonne de leur courage à déjouer le sort... Ces vivants-là, devenus suicidés, tombés dans le fleuve, jetés du haut de la falaise ou pendus à la poutre de la grange, on les craint... On les renie, on les dissimule dans des simulacres déraisonnables. Ils sont des morts qu'on jette dans l'oubli - cette ortie qui pique les vivants -  et les fait grincer des dents... Défunts qui se reconnaissent et se terrent au fond du cimetière près de la cabane aux outils. Sépultures anonymes, fosses communes vite recouvertes de mauvaise l'herbe...
Le fouin du Diable ! maugréent les vivants qui passent. Ils gesticulent et se signent, en appelant au pardon d'un Dieu goguenard...

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