lundi 6 novembre 2017

PAULO

J'avoue j'ai honte ( un peu seulement, faut pas déconner ! ). Je t'avais complètement oublié, rayé de mon agenda de petites misères, fumé jusqu'au filtre et écrasé dans le cendrier... Tout occupé que j'étais à courser l'échalotte, à soigner mes petits bobos et à repasser sans cesse mes liquettes, que j'en avais les doigts crochus et des coups de chaud dans le ciboulot... Que veux-tu... Trop d'eau dans les globules, trop de mourron ( aux t'its oiseaux ! ) dans les rotules... Trop d'bidules dans les mandibules qui finissent en Ules, ça donne pas envie courir le monde comme toi... Moi, je suis resté comme un ado fragile, accoudé au bastinguage de ses interminables branlettes... Tu vois le genre... Les dérapages de seringue, la blonde qui te faisait du gringue et la poésie à peur de peau, c'est pas pour moi... A peine si je me souvenais du Sacristain, ce tueur frapadingue que tu incarnes dans le " Grand Pardon " - J'aimais bien la scène où tu danses le flamenco, avant de te faire dézinguer... Vraiment un beau rôle pour ta tronche de bandit de Grand Chemin...
Et puis voilà que je croise un de tes bouqins... Un coup de griffe au crabe qui te lorgne en se frottant les pinces... Un travelling arrière où tu racontes tes potes, tes z'amours ( ça on s'en fout un peu ! )... Tous ces acteurs dans la pellicule et moi, devant l'écran... Des souvenirs en vrac partagés par procuration... Le Mocky jeune premier ( Ah ! Solo ! ), encore acteur avant d'entrer dans la cour des Grands... Les Léotard en guenilles, les Terzieff, Clémenti ou Léaud bien frappés... J'imagine bien qu'au milieu de ces gredins, t'étais heureux comme une levure dans le pinard... Michel Auclair ( qui s'en souvient aujourd'hui ? ), Roland Blanche plus frapadingue et inquiétant que le grand Jouvet...Cette canaille de Serrrault, le gentil Villeret... Les deux Laffont ( mère et fille ) des pétroleuses de première,  et puis tous les autres... La liste est trop longue... Laissons le choix aux lecteurs... Que chacun sorte son lapin préféré du chapeau...
Un jour d'été, j'ai croisé J. F. Stevenin qui trempait ses mômes et son bermuda un peu crade dans l'eau du lac près de chez nous... J'aurais aimé le saluer, lui parler de Lune Froide, un film que j'aime toujours beaucoup encore aujourd'hui, après toutes ces années... Mais l'orage menaçait et le petit dernier voulait une glace... On aurait peut-être discuté le bout de gras... J'aurais pris de tes nouvelles, va savoir...
Quinze rounds
R. Bohringer.

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