Y'avait de la moisissure, des croûtes de frometon, des vieilles pelures d'oignon ou d'écha qui sentaient la savate, des arêtes de poiscaille au mercure, du beurre rance, et un magnet de la France sans doute en fausse direction. Des poils de nez, ou d'ailleurs, des cheveux dans le potage et un restant de soupe à la grimace ont demandé qu'on ferme vite fait la lourde à cause des courants d'air, et de l'épidémie de grippe qui sévissait dans le pays...

Tout au fond - là où l'on ne voit rien - des morceaux de lard, des nouilles chinoises sauce Mao et des Tsardines à l'huile voisinaient avec un bon mot de P. Dac et une chanson d'Alan Stivel qui foutait la colique aux touristes en visite à Carnac.

Ça fleurait bon le lisier, la bourriche d'huîtres, le fumoir à saucisses ( de Morteau SVP ) et l'anti-chambre de Louis XIV après une nuit de patachon... Un savant mélange d'épices, de pisse de chameau et de marcel à la fin de l'étape vous chatouillait les narines, pendant que  le premier mouvement de la symphonie numéro huit ( ou neuf ) d'on ne sait plus qui, vous énervait le sonotone, et  vous chauffait les feuilles de choux... Des relents de gaz moutarde, de canassons en sueur, rappelaient aux plus anciens des souvenirs Célinien ( Casse-pipe illustré par Tardi,  à relire de toute urgence ! ) et un pôvre gyrophare de Médecins sans Frontières posait une perf dans la veine d'un clodo de banlieue, qui était antimite, anti-mitre ou antisémite, on ne savait pas trop... L'époque tournait vraiment maboule, baltringue, et comme disait Capt'aine Igloo " Quand ça pue dans la coursive, c'est que des rats y vivent "...

" Quand même, un coup d'éponge et de saloperie Monsanto,  ça change le paysage " a soupiré Madame Bobinneau en refermant la porte du frigidaire...

La vie du zoo.